Comme on pouvait s'y attendre, Alard du Bois-Reymond, chef de l'Office fédéral des migrations (ODM), est revenu les mains vides du Nigéria. Aucune date pour la reprise des vols spéciaux n'a été articulée. Suspendus après la mort du requérant nigérian à l'aéroport de Kloten en mars dernier, les renvois forcés ont récemment repris sauf à destination du Nigéria. Les propos incendiaires du patron de l'ODM n'y sont pas étrangers. Un article de Simon Petite dans le Courrier.
Peu après le drame zurichois, M. du Bois-Reymond avait cru bon de déclarer que la plupart des requérants d'asile nigérians se livraient à des activités illégales. Et que, «dans 99,5% des cas, ils n'avaient aucune chance» d'obtenir l'asile en Suisse. Voilà qui avait le mérite d'être clair, et nul doute qu'après une telle sortie les collaborateurs de l'ODM n'allaient pas avoir un oeil plus favorable sur les demandes en provenance du pays le plus peuplé d'Afrique, pourtant loin d'être pacifié.
Sur la criminalité des demandeurs nigérians, aucun chiffre n'est venu corroborer les affirmations du fonctionnaire. Quant à leur taux d'acceptation, il s'agissait des chiffres officiels de l'ODM. Les propos de M. du Bois-Reymond n'en étaient pas moins indécents et irresponsables. Non seulement ils ressemblaient à une grossière tentative de diversion après le décès du requérant à Zurich mais ces déclarations ont aussi braqué les Nigérians, sans qui aucun renvoi n'est possible.
Résultat: le Nigéria souhaite désormais avoir des observateurs dans les avions spéciaux. Il réclame surtout des contingents de travailleurs légaux. Ces demandes sont légitimes mais elles hérissent la Suisse, verrouillée à double tour pour les ressortissants extra-européens. Berne se berce d'illusions s'il croit pouvoir obtenir la collaboration des pays d'origine des expulsés sans rien leur offrir en retour.
En stigmatisant les Nigérians, M. Alard du bois-Reymond a voulu montrer que le gouvernement était toujours aussi strict en matière d'asile. Une posture à usage interne destinée à couper l'herbe sous le pied de l'UDC. En réalité, cette surenchère accrédite les thèses du premier parti de Suisse et complique encore davantage les renvois forcés.
Ces difficultés devraient faire réfléchir, alors que les Suisses seront appelés à se prononcer cet automne sur le renvoi des criminels étrangers et donc sur la multiplication des expulsions. La mise en oeuvre de ces mesures, sans parler de leur légitimité morale, sera toujours extrêmement délicate.
1 commentaire:
Merci pour cette information interessante
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