«C’est un hasard.» Voilà la réponse de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf lorsqu’on lui demande si les autorités ont tendu un piège à Fahad K. Pour rappel, le réfugié irakien s’est fait arrêter par la police alors qu’il se rendait à un banal rendez-vous à l’Office cantonal des migrations (ODM). Sans être au courant que son recours au Tribunal administratif fédéral avait été rejeté. Curieusement, ni lui ni son avocate n’avaient reçu la décision. L’administration zurichoise, si.
Pour l’ODM, la coïncidence tombe bien. Pour les amis de Fahad, dont le réalisateur vaudois Fernand Melgar, le coup est rude. Le 2 mars dernier, grâce à une mobilisation jusque dans les couloirs de Kloten, il avait remporté, avec ses compagnons d’armes, une victoire éclatante sur l’administration: Fahad était expulsé de l’avion et obtenait le droit de rester, quelques jours de plus, en Suisse. Tout cela devant les médias et les caméras de télévision. Un véritable affront pour Eveline Widmer-Schlumpf.
Pour la cheffe du Département de justice et police, qui a déjà montré en d’autres circonstances qu’elle avait le cuir épais, céder sur le cas Fahad n’a jamais été une option. Le héros du documentaire La forteresse, soutenu par de nombreux politiques, à droite comme à gauche, révèle d’un coup, avec fracas, le côté brutal d’une politique migratoire. Donnant un visage et un nom aux réfugiés anonymes, contraints chaque jour de quitter le pays. Une personnalisation insup- portable aux yeux des autorités. Car elle fait vaciller tout le système d’asile, qui repose sur une empathie discrète, mesurée et surtout provisoire.
Pour Eveline Widmer-Schlumpf, qui n’a pas eu à forcer sa nature, faire une exception avec le cas Fahad aurait été un aveu de faiblesse dont l’UDC se serait délectée. La ministre a donc montré qui tenait les clés de la forteresse.
Commentaire de Cédric Waelti dans 24 Heures.
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