Edito de Thierry Meyer, rédacteur en chef de 24 Heures, suite à l'élection de Carl-Alex Ridoré.
C'est peut-être à son corps défendant, puisqu’il affirme ne jamais en avoir fait un cheval de bataille. Mais l’élection de Carl-Alex Ridoré au poste de préfet du district fribourgeois de la Sarine n’en est pas moins un événement. Et un symbole. Celui de l’intégration réussie, mais aussi de l’acceptation de cette différence visible qui, trop souvent encore, conditionne les réflexes primaires et exacerbe les conservatismes. La Suisse, bien sûr, n’a pas ce passé colonial qui charge les relations avec les descendants des peuples colonisés.Contrecoup, le pays a longtemps considéré la présence de gens «de couleur» comme une curiosité, voire une anomalie.
Les temps ont changé. Lentement.
Le métissage, en particulier dans le sport, a accolé la croix blanche sur fond rouge avec davantage de naturel sur des visages aux origines africaines. La correspondance dans le champ politique reste rare.
Voilà pourquoi l’élection d’un préfet noir à Fribourg a une résonance pareille, au-delà des frontières cantonales, bien sûr, mais aussi nationales.
Ce plébiscite somme toute banal, dans un scrutin marqué comme de coutume par un absentéisme plus marqué au deuxième qu’au premier tour, mérite d’être célébré.Les symboles sont fragiles: en France, l’un de ceux qui incarnaient l’espoir des citoyens d’origine africaine de réussite sociale et médiatique, Harry Roselmack, claque la porte de TF1. Il sait qu’il ne sera jamais le présentateur-vedette de la première chaîne télévisée hexagonale.
Carl-Alex Ridoré n’a pas les mêmes aspirations, ni le même impact sur la population. Il a juste été reconnu par ses électeurs pour ses compétences.
C’est tout. C’est (encore) beaucoup.
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