lundi 23 juin 2008

Ridoré, premier préfet noir en Suisse

CA Ridoré

Prudent L’élection de Carl-Alex Ridoré marque-t-elle une évolution de la place de la minorité noire en politique? «Je suis conscient de la portée symbolique d’un tel événement, reconnaît le nouveau préfet. Même si je n’en ai jamais fait un cheval de bataille.» (KEYSTONE)

Le socialiste Carl-Alex Ridoré, d’origine haïtienne, sera le prochain préfet du district fribourgeois de la Sarine. Quelle portée pour cette élection d’un candidat noir, huit mois après celle du premier conseiller national de couleur, Ricardo Lumengo? Un article de Valentine Zubler, dans 24 Heures.

L
es citoyens du district de la Sarine ont tranché. Le Fribourgeois Carl-Alex Ridoré, socialiste d’origine haï­tienne, est devenu hier, lors du second tour de l’élection, le premier préfet noir de Suisse. Récoltant 11 706 suffrages (59,7% des voix) contre 7914 au démocrate-chrétien Hubert Dafflon, l’étoile montante du PS a fait tomber, du coup, la dernière préfecture PDC du canton dans l’escarcelle de son parti.
La participation a atteint 35,5%, soit une nette baisse par rapport aux 47% du premier tour le 1er juin, où Ridoré était arrivé largement en tête. Le docteur en droit de 36 ans succédera ainsi, le 1er septem­bre, au démocrate-chrétien Ni­colas Deiss.
Le premier préfet noir de Suisse, donc, a été élu à une large majorité. Et cela, huit mois après l’entrée sous la Coupole du premier conseiller national helvétique de cou­leur, le socialiste bernois d’ori­gine angolaise, Ricardo Lu­mengo. Tout un symbole pour les Africains vivant dans notre pays, quatorze ans après l’élection à Bulle d’André Ntashamaje (PS), Rwandais d’origine, premier président noir d’un Conseil général suisse. Cette nouvelle élection d’hier marque-t-elle une évo­lution de la place de la mino­rité noire en politique?
Pas un cheval de bataille

«Je suis conscient de la por­tée symbolique d’un tel événe­ment, reconnaît Carl-Alex Ri­doré. Même si, répète-t-il vo­lontiers, je n’en ai jamais fait un cheval de bataille.» A en croire le juriste, né et ayant grandi à Fribourg, il n’y a rien de révolutionnaire dans son élection: «Le district de la Sarine s’est de toute façon toujours montré très ouvert», conclut le futur préfet. Le poli­tologue Georg Lutz se garde lui aussi d’évoquer une ten­dance. «Il est vrai aussi que cette élection est le signe d’une certaine ouverture de la politique, dans les milieux de gauche surtout, où ces candi­dats s’engagent plus naturelle­ment », note le politologue.
Et à droite? «Une partie des représentants de ces forma­tions a besoin de plus de temps pour s’ouvrir à cette évolution», souligne Georg Lutz. Selon lequel, «ces élec­tions, surtout celle de Ricardo Lumengo, constituent aussi, partiellement, une réaction à la campagne de l’UDC sur les moutons noirs. Il y a eu un effet de solidarisation.»
Facteur politique

Reste que l’élection de Carl­Alex Ridoré, espoir du PS fri­bourgeois, ne constitue pas une surprise. Le socialiste était par ailleurs soutenu par l’ensemble de la gauche, tan­dis que le candidat PDC Hu­bert Dafflon était bien esseulé. Les radicaux n’avaient en effet pas donné de mot d’ordre à leurs troupes et l’UDC n’in­vitait pas ses membres à se rendre aux urnes ou leur con­seillait de voter blanc, les deux candidats ne lui convenant pas, car trop à gauche.

A ce sujet, lire également l'édito de T. Meyer

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