Lire ce Courrier de lecteur d'Yves Brutsch paru dans le Temps
Le Temps a publié le 14 novembre tout un dossier sous le titre «Délinquants étrangers, la dure réalité». Une pleine page pour nous livrer cette évidence, constamment répétée depuis tant d'années: les étrangers sont surreprésentés dans la statistique criminelle.
On peut bien sûr ergoter à l'infini sur la méthodologie et les catégories statistiques. Comparer des groupes dont la composition (âge, sexe) n'est pas la même n'est évidemment pas très scientifique. Négliger le fait que la statistique est influencée par les priorités données à l'activité policière et que la proportion de détenus étrangers est amplifiée parce que le risque de fuite est plus grand, non plus. Mais au bout du compte, reste le constat d'une délinquance étrangère trop importante, notamment parmi les requérants d'asile.
Le drame, c'est qu'au-delà de ce constat, il n'y a rien. Votre article se termine brutalement sur une question laissée sans réponse: pourquoi ces gens commettent-ils des délits, et quels remèdes apporter?
Est-ce un sujet tabou que de s'intéresser aux causes et aux solutions?
Dans le domaine de l'asile, que je connais bien, les praticiens savent parfaitement qu'on a amplifié artificiellement le passage à la délinquance par une politique d'accueil qui marginalise à l'extrême les demandeurs d'asile. Attribution à un canton sans tenir compte des liens sociaux, dispositif d'assistance réduit au minimum, dans un pays dont les vitrines ne font qu'appeler à la surconsommation, accès réduit au marché du travail, voire interdiction complète de gagner sa vie, et bientôt exclusion de l'aide sociale pour tous les déboutés, même si leur renvoi n'est pas exécutable. De quoi continuer à accentuer la courbe ascendante de la délinquance.
On ne résoudra pas ce problème sans accepter de remettre en question la façon dont notre politique d'asile pousse dans une impasse ceux dont elle devrait organiser l'accueil et l'intégration.
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