Lire l'excellent article de Stéphanie Germanier dans le Temps - Suisse
La loi révisée sur les étrangers ne reconnaît plus les motifs honorables de ceux qui viennent au secours des sans-papiers. Un comité proche des Eglises revendique la liberté d'aider.
Extraits:
«J'encourrais une peine de prison de cinq ans et je serais même une récidiviste si la nouvelle loi était déjà en vigueur», a déclaré Françoise Kopf, coordinatrice de IGA SOS Racisme à Soleure, une organisation qui vient en aide aux requérants d'asile frappés d'une non-entrée en matière (NEM)...
«On ne fait donc plus de distinction entre les organisations criminelles qui font entrer illégalement des personnes en Suisse et les organisations religieuses et humanitaires qui aident ces mêmes personnes sur place», a fait remarquer Philippe De Vargas, ancien directeur de collège, et aujourd'hui à la tête du comité qui va mener campagne contre la loi sur les étrangers, ainsi que contre la loi sur l'asile.
Sur le même sujet, l'article de Vincent Bourquin dans 24heures
Les Eglises pourront-elles encore aider les clandestins?
Selon l’association Chrétiens et Juifs pour la liberté d’aider, la nouvelle loi sur les étrangers punira tous ceux qui soutiendront des personnes en situation illégale.
Les ecclésiastiques accueilleront- elles toujours des clandestins? Les médecins soignerontils encore des personnes en situation illégale? Les professeurs continueront-ils à enseigner aux élèves sans-papiers? Ou alors, tous ces actes seront désormais considérés comme illégaux et leurs auteurs lourdement sanctionnés? C’est la crainte de l’association Chrétiens et Juifs pour la liberté d’aider. Réunis autour de Jacques Neirynck et de l’ancien président de la Fédération des Communautés israélites de Suisse, Rolf Bloch, ses membres, essentiellement vaudois, rejettent énergiquement l’article 116 de la nouvelle loi sur les étrangers (Letr). Cet article punit tous ceux qui aident au séjour illégal d’un étranger. Un tel point existe déjà dans la version actuelle, toutefois il est précisé que «celui qui prête assistance n’est pas punissable si ses mobiles sont honorables». Une phrase qui a été supprimée dans la nouvelle Letr. De plus, les amendes pourront s’élever à 500 000 francs, contre 10 000 actuellement et la réclusion à cinq ans, alors qu’aujourd’hui elle ne dépasse pas six mois. «Cet article ne concerne pas seulement les passeurs, il vise directement les associations et les Eglises qui s’occupent des étrangers. Les citoyens suisses seront ainsi moins libres», s’insurge Philippe de Vargas, ancien directeur du collège de l’Elysée à Lausanne.
«Le Parlement est schizophrène », dénonce de son côté Rolf Bloch. L’industriel bernois rappelle que récemment, les Chambres ont voté une loi pour la réhabilitation de tous ceux qui ont aidé les réfugiés durant la Seconde Guerre mondiale: «Faudra-t-il un nouveau processus de réhabilitation dans 50 ans? N’avons-nous rien appris de l’histoire?», s’interroge l’ancien président de la Fédération des Communautés israélites de Suisse. Du côté de l’Office fédéral des migrations, on affirme que cet article ne s’applique que s’il y a volonté d’enrichissement.
Des propos qui ne rassurent pas la toute nouvelle association: «Alors c’est comme avec le CPE en France, on fait une loi et on promet de ne pas l’appliquer», conclut l’ancien conseiller national PDC Jacques Neirynck.
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