vendredi 7 avril 2006

Gare à l'effet boomerang

Lire l'édito de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura

Réconfortant! Les référendums contre les lois sur l'asile et les étrangers a recueilli respectivement plus de 90 000 et 74 000 signatures. Au total pas moins de 182 organisations ont œuvré dans les divers comités cantonaux pour aboutir à ce succès. Cela témoigne d'une sensibilité digne de la tradition humanitaire de la Suisse. Vrai, le durcissement de ces lois s'inscrit dans un terrible mouvement européen de tours de vis. Jouant la dissuasion, chaque pays tente de dévier le mouvement migratoire vers le voisin. Vrai aussi, les mesures avalisées par le Parlement frisent la ligne rouge. On ne saurait marcher longtemps encore dans ce chemin épineux sans rompre avec le simple respect des droits de l'homme. Il n'en demeure pas moins que les deux lois contestées par ces référendums, aussi sévères soient-elles, n'entachent ni la dignité de la Suisse, ni sa vocation humanitaire. Elles promettent par contre une meilleure maîtrise de l'immigration. Le fait que le Parti démocrate chrétien, proche de la sourcilleuse Eglise catholique, n'ait pas hésité à les voter, rassure d'ailleurs tous ceux qui se gardent du pas de trop. Au demeurant, on se demande si la «coalition humanitaire» qui veut abattre ces lois ne joue pas la politique du pire. Ces lois répondent aux préoccupations de ceux qui tiennent à un respect du droit et des règles de cohabitation, toutes choses qui s'érodent dans notre pays, notamment sous la poussée d'immigrants peu enclins à s'astreindre à notre régime légal. Or, des immigrants, les référendaires ne voient que la face dorée, leur précieux apport social et économique. Loin de comprendre le Parlement, ils appellent à une ouverture de la Suisse aux travailleurs non qualifiés de la planète entière. Le Forum pour l'intégration se déclare ainsi «convaincu de la nécessité de rassembler les populations d'origines diverses pour favoriser l'intercompréhension et l'intégration sous l'angle économique, social, culturel, civique et politique». Louable intention! Sauf qu'il lui échappe qu'en la matière aussi, c'est la dose qui fait le poison. A l'époque, François Mitterrand lui-même s'est interrogé sur «le seuil de tolérance». Préoccupant! L'angélisme des référendaires risque d'accroître le soutien aux lois sur l'asile et sur les étrangers. Il en découlerait une augmentation de la crédibilité de l'UDC, et une véritable invite à poursuivre jusqu'au pas de trop.

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