vendredi 7 avril 2006

Blocher serre la vis envers les étudiants chinois


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Lire l'article de Pascale Zimmermann et Thierry Meyer
Le visa d'étudiant en Suisse comme porte d'entrée au travail clandestin dans l'Union européenne: voilà le stratagème qu'utiliseraient de nombreux jeunes Chinois, issus de provinces pauvres et dirigés par les mafias de leur pays, pour pénétrer à travers les mailles du filet européen. Répondant aux alertes de la France et de l'Italie, l'Office fédéral des migrations (ODM), qui dépend de Christoph Blocher, a édicté en décembre dernier une directive privant les cantons du pouvoir d'autoriser les visas d'étudiants aux candidatures provenant de Chine. Toute velléité d'acceptation pour un visa dépassant trois mois doit désormais passer par Berne, et l'ODM est seul habilité à délivrer le sésame estudiantin.

Craintes des cantons romands

Une situation qui inquiète dans les cantons romands, où les universités et les nombreuses écoles privées craignent de subir le contrecoup de cette mesure. A Genève, l'Université s'est insurgée, et l'Office cantonal de la population, qui avait la haute main sur les demandes d'admission des étudiants, a alerté le Conseil d'Etat. Celui-ci a écrit à Christoph Blocher. «Le Conseil d'Etat genevois s'oppose à cette directive stigmatisant les étudiants chinois, résume Bernard Gut, secrétaire général du Département des institutions. Une telle mesure discriminatoire nuit à l'image de la Suisse. Il est très délicat, voire périlleux diplomatiquement de prendre de telles sanctions dans le cadre de relations bilatérales.» Selon le porte-parole de l'Université de Genève, Pascal Garcin, «tous les recteurs de Suisse ont décidé de protester», même si le nombre d'étudiants actuellement en jeu reste limité.

Porte-parole de l'ODM, Dominique Boillat relativise la portée de la mesure: «Nous appliquons un principe de prudence. Nous vérifions de façon plus aiguë les dossiers qui nous parviennent, mais nous avons tout de même accepté quelque 160 candidats depuis janvier. Ce qui nous a mis la puce à l'oreille, ce sont des dossiers standardisés qui indiquent une tentative pilotée par une organisation criminelle de faire entrer des clandestins. Des soi-disant étudiants chinois ont disparu, partis pour travailler illégalement en Europe. Le problème s'est surtout posé en Valais, principalement avec les écoles privées.» La mesure, qui frappe aussi huit autres pays (Algérie, Burundi, Congo, Haïti, Libye, Myanmar, Rwanda et Soudan), pourrait être transitoire. A la fin du mois, Christoph Blocher se rend en Chine: nul doute qu'il évoquera le sujet. Certains craignent des mesures de rétorsion de Pékin.

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