Dans l'éditorial du Courrier, Didier Estoppey salue l'engagement résolu du parti démocrate-chrétien du bout du lac derrière le double référendum contre les nouvelles lois (asile et étrangers).
Comme celles du Seigneur, les voies du Parti démocrate-chrétien sont souvent impénétrables. Sa section genevoise vient pourtant d'adresser un message très clair à ses électeurs en finissant l'année comme elle l'avait commencée. En janvier, prenant libéraux et radicaux de vitesse, le PDC genevois établissait un cordon sanitaire autour de l'UDC, empêchant tout accord de l'Entente bourgeoise avec les blochériens en vue des élections cantonales. Jeudi soir, fidèle aux mêmes convictions, il votait le principe d'un soutien actif au double référendum sur le point d'être lancé contre la Loi sur l'asile et celle sur les étrangers, auxquelles les Chambres fédérales doivent mettre la dernière main le 16 décembre. Les démocrates-chrétiens genevois avaient refusé de se laisser dicter leur politique par l'UDC au plan cantonal: ils ne voient pas de raison de la subir sans piper mot au plan fédéral.
Alors que le Parti socialiste suisse lui-même, peu confiant dans ses forces, a rechigné à s'engager totalement dans la bataille en décidant de ne mener activement qu'un des deux référendums, celui contre la Loi sur l'asile, c'est sans l'ombre d'une hésitation ni de calculs tacticiens que les délégués du PDC genevois ont décidé, à l'unanimité, d'entrer en dissidence active contre la direction nationale de leur parti. Cette capacité à faire passer les convictions et les raisons du coeur avant les cogitations stratégiques est suffisamment rare en politique pour être saluée comme il se doit.
Car en refusant d'oublier le socle de valeurs humaines dont il se réclame, le PDC genevois a adopté un comportement exactement inverse au suicide politique auquel sont en train de se livrer le parti national comme l'ensemble du centre-droit. Les élus bourgeois aux Chambres, à de louables exceptions près, sont restés totalement sourds aux appels qui se sont multipliés depuis mars quant à l'ampleur des dégâts humains programmés par ces deux lois. Ils ont préféré garder les yeux rivés sur le compteur électoral et l'échéance de 2007. Et se répandre en jérémiades selon lesquelles il faut savoir offrir des réponses aux peurs des citoyens si l'on ne veut pas continuer à voir progresser l'UDC.
La meute de pitbulls fidèles à Christoph Blocher aboyant de plus en plus fort, on doute toutefois que l'électeur distingue clairement les miaulements du centre-droit. Les dernières frasques du conseiller fédéral dans l'affaire Swisscom, témoignant une nouvelle fois de son mépris profond des institutions et de sa volonté de tout détruire sur son passage, donnent des signaux suffisamment clairs de la manière dont l'UDC entend payer en retour les gages qu'on lui donne. En prêtant la main à l'assassinat des droits humains les plus élémentaires, la droite bourgeoise a creusé sa propre tombe. Elle vit d'ailleurs aujourd'hui tétanisée par la peur d'un référendum qui ne pourra que profiter à l'UDC. Il lui reste toutefois un ultime moyen de l'éviter: refuser les deux lois lors des votes finaux du 16 décembre. Et renvoyer le tout à l'expéditeur.
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