En pleine crise sur les requérants d’asile, Nyon a accueilli les Assises vaudoises de l’intégration et une fête interculturelle.
Ils n’avaient pas encore de visage que déjà ils alimentaient les peurs. Celles de la violence, de la drogue et même de la tuberculose. Les premiers requérants d’asile prennent aujourd’hui leurs quartiers à Gland dans l’abri PCi des Perrerets. A terme, ils seront une cinquantaine.
Si leur venue suscite ces réflexes émotionnels, c’est parce qu’ils seront logés dans le sous-sol d’une école. Et pour nombre de parents, l’étranger devient inquiétant dès qu’il s’approche de leurs enfants. Ainsi, 1300 citoyens (pour une ville de quelque 11 000 habitants) avaient signé une pétition exprimant le refus de cette promiscuité entre leurs têtes blondes et les exilés aux sombres parcours. Ils font écho à la contestation née à Nyon où un abri héberge plusieurs dizaines de migrants en attendant la construction d’un centre fixe près d’une école.
«De manière générale, ces centres devraient être placés dans les grandes villes, là où la population est plus habituée», estime Me Jean-Michel Dolivo, membre du mouvement SolidaritéS. Et de rajouter qu’une meilleure intégration éviterait antagonismes et stigmatisation.
Les «cas Dublin»
«Mais là, on ne peut pas parler d’intégration, car la Suisse n’a pas de volonté pour qu’ils s’intègrent, constate amèrement Christiane Piazzini, répondante pour la ville de Nyon des projets liés à l’immigration. Il y a beaucoup de «cas Dublin» qui ont zéro chance de rester.» Car ils seront renvoyés dans un autre pays de l’Espace Schengen. Même si c’est pour revenir en territoire helvétique quelques jours plus tard.
Alors, peine perdue, ces efforts pour vivre en harmonie avec l’autre? De loin pas. Car l’immigration revêt les formes les plus diverses (mariage, travail ou encore asile politique) et, de fait, le chantier est vaste. Comme l’ont démontré samedi les 7es Assises de l’immigration se sont tenues à la salle communale de Nyon.
A commencer par l’école, premier facteur d’intégration des enfants. Là, tous les intervenants sont tombés d’accord sur l’importance de parfaire l’enseignement du français. Ensuite, la thématique de l’emploi a, entre autres, révélé que les travailleurs issus de l’immigration comprennent trois fois plus de working poor .
Aiglons récompensés
Les Assises ont également permis de remettre le Prix du Milieu du Monde couronnant un projet lié à l’intégration. Le jury a choisi l’établissement scolaire d’Aigle, récompensé pour son programme d’échange avec l’école de Junik, au Kosovo, et le travail sur l’interculturalité réalisé autant dans le corps professoral qu’avec les élèves.
Au final, ces Assises ont permis de faire le point. Il en est ressorti que, si les associations et les communes investissent une grande énergie dans les projets, l’Etat a encore du pain sur la planche.
Sur les 31 pays analysés dans l’étude MIPEX (index comparatif de l’intégration des migrants basé sur 148 critères), la Suisse finit avant-dernière. Dans son communiqué final, la Chambre cantonale consultative des immigrés recommande donc aux autorités fédérales de se doter d’une législation efficace pour lutter contre les discriminations et de structures de consultation professionnelles pour les victimes, à l’image des autres pays européens.
Anetka Mühlemann dans 24 Heures
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