A l’unanimité, les délégués de l’UDC ont approuvé samedi le lancement d’une initiative visant à limiter l’immigration. Le parti, qui s’était réuni à Einsiedeln, souhaite réintroduire des contingents et renégocier l’accord de libre circulation conclu avec Bruxelles.
«L’immigration est aujourd’hui illimitée et incontrôlable», a déploré Walter Wobmann, président de la commission «étrangers» au sein de l’UDC. Elle doit à nouveau être dirigée de manière autonome. Pour le parti, l’immigration est responsable de nombreux problèmes démographiques comme la surcharge en matière de transports et d’approvisionnement énergétique.
Rappelant que le nombre d’immigrants a dépassé de 330 000 celui des émigrants ces quatre dernières années, le président Toni Brunner a attaqué le Conseil fédéral et la ministre de la Justice, en particulier, incapable, selon lui, d’apporter des solutions. «Madame Sommaruga n’est qu’une séductrice qui n’a jusqu’à présent produit que du vent.» De son côté, Christoph Blocher s’en est pris aux accords de Schengen, Dublin et à la libre circulation des personnes, «projets mégalomanes par excellence».
Pour réduire le solde migratoire, l’initiative de l’UDC prône la réintroduction de plafonds et de contingents de migrants. Ces limites seraient fixées annuellement en fonction des besoins et intérêts économiques de la Suisse. Toutes les catégories d’étrangers seraient concernées, frontaliers compris. A l’embauche, le principe de la priorité aux Suisses devrait s’appliquer. L’initiative réclame aussi des critères stricts pour l’octroi de permis de séjour. Pour être autorisé à s’établir ou à séjourner en Suisse, il faudrait prouver l’obtention d’un emploi, sa capacité d’intégration et les moyens de subvenir à ses besoins.
La loi devrait régler les détails. L’UDC songe à un système de points attribués, comme au Canada ou en Australie, selon une série de critères d’intégration. Le texte du parti refuse tout droit établi à un séjour durable, au regroupement familial et aux prestations sociales.
Des patrons à l’offensive
Cette initiative alarme d’ores et déjà les milieux économiques, concernés au premier chef. Dimanche, la NZZ am Sonntag a rapporté le contenu d’une lettre ouverte signée par 140 dirigeants économiques se disant «très inquiets» de cette démarche. Rédigée par les amis du Parti libéral-radical, la lettre est notamment signée, rapporte le journal dominical, par Peter Gomez, président du conseil d’administration de la bourse suisse, et Raymond J. Baer, président de la banque Julius Baer. Le succès de pareille initiative remettrait en question des centaines de milliers de places de travail, prévient le texte qui accuse «une attaque irresponsable» des bilatérales.
Vendredi, la direction de l’UDC avait convoqué ses cadres au Grütli. Cette réunion a suscité la critique de la Société suisse d’utilité publique qui gère les lieux. Son règlement prévoit que les partis n’ont pas d’autorisation pour se réunir au Grütli. Le conseiller fédéral Ueli Maurer a précisé qu’il voulait pouvoir s’exprimer partout, sans devoir demander d’autorisation.
ATS et Le Temps
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