Depuis quelques jours, des stickers urbains injurieux et xénophobes foisonnent dans les rues du centre-ville.
Il n’y a pour ainsi dire pas un réverbère ou une gouttière qui ne soit épargné. Dans l’indifférence générale, des dizaines de stickers racistes, de facture visiblement artisanale, ont fleuri dans les rues d’Yverdon, principalement au centre-ville. Il y en a plusieurs sortes, qui s’attaquent très vulgairement aux ressortissants des Balkans, aux Africains, aux musulmans…
«Nous avons observé cela, il y a une semaine: on enlève ceux que nous voyons», indique Serge Freymond, premier lieutenant de la police municipale, lequel marche sur des œufs en évoquant ce sujet «sensible». A priori, le phénomène est circonscrit à la ville d’Yverdon. Qui peut bien se cacher derrière ces autocollants? «Nous n’avons aucune piste. Mais nous collectons des informations pour essayer de les confondre.» Une tâche qui s’annonce difficile, à moins de pincer un auteur en flagrant délit. A ce jour, personne ne s’est ému de ces affichettes auprès de la police, et aucune enquête n’est encore officiellement ouverte. Il n’est toutefois pas exclu que le ministère public empoigne spontanément l’affaire, s’il considère que les éléments le justifient.
Les auteurs encourraient alors une sanction pénale. «L’article 261bis du Code pénal, la norme antiraciste, permet de punir ce genre de personnes», rappelle Jean Martin. Le président vaudois de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) entend être attentif à l’écho qu’il convient de donner à ces actes «pitoyables et inadmissibles», le cas échéant en portant plainte. «Pour l’heure, cela reste un fait divers. Mais il faut en parler, on doit montrer de la désapprobation face à cela», lance-t-il.
Celle des autorités yverdonnoises n’est pas la moins virulente. «Nous condamnons ce genre de gestes provocateurs et imbéciles, assène le municipal de la Police, Jean-Daniel Carrard. Cet affichage n’est pas tolérable. S’il se répète, les autorités se réservent le droit de porter plainte.» «C’est lamentable, lâche le syndic, Daniel von Siebenthal, pour qui il s’agit d’une première à Yverdon. Même des épiphénomènes comme celui-là sont inquiétants.»
Pour Jean Martin comme pour Sabine Simkhovitch-Dreyfus, vice-présidente de la Commission fédérale contre le racisme, la tendance est à la banalisation de ce type de discours haineux. «Le climat politique n’est pas propice à l’apaisement. Une partie des campagnes de vote est basée sur la peur des étrangers, avec un discours qui s’est durci, analyse l’avocate genevoise. Cela a une influence sur la société, d’autant plus quand la situation économique est plus difficile, comme aujourd’hui.» «La propagande politique extrémiste fait le lit des sentiments xénophobes», résume Jean Martin .
Vincent Maendly
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