L’association Opre Rrom, accompagnée d’une dizaine de Roms, a fustigé l’initiative du PLR pour abolir la mendicité par métier.
«On parle beaucoup des Roms. Mais sans avoir essayé de les rencontrer ou de discuter avec eux.» C’est pour tenter de changer le regard des gens que Véra Tchérémissinoff et d’autres membres d’Opre Rrom ont convoqué la presse, hier matin, en compagnie d’une dizaine de Roms venant de Roumanie et de Slovaquie, et qui mendient à Lausanne.
Barbes fournies, traits fatigués, certains ont raconté des bribes de vie. «Nous ne sommes pas des voleurs, s’empresse de préciser Petru, 44 ans, lorsqu’on lui demande son parcours. Nous avons honte de mendier, nous aimerions travailler.» — «Pour un Rom, trouver du travail est malheureusement très difficile. Les gens craignent de les engager», explique le photographe et ami des Roms Yves Leresche. Selon l’association, les Roms qui mendient à Lausanne ne font partie d’aucune mafia. «Si on peut penser qu’ils sont organisés, c’est qu’ils ont une solidarité familiale au sens large du terme.»
Pour Opre Rrom, l’initiative lancée par les libéraux-radicaux pour interdire la mendicité par métier est «électoraliste» et «juridiquement inapplicable». — «Elle est démago, parce qu’elle flatte dans le sens du poil le racisme ambiant vis-à-vis des Roms, estime Jean-Michel Dolivo, membre de La Gauche et d’Opre Rrom. Elle ne tient pas la route juridiquement, parce qu’elle n’interdit pas l’infraction de base, la mendicité, mais seulement sa circonstance aggravante, la mendicité par métier. Ce qui est absurde.» Joint par téléphone, Mathieu Blanc, président du comité d’initiative et candidat PLR à la Municipalité, reconnaît que les initiants ne se sont pas simplifié la tâche en parlant de «mendicité par métier». «Mais je suis assez convaincu de notre position.»
Pour Hadrien Buclin, candidat de La Gauche aux élections municipales, cette initiative conduirait également à une usine à gaz juridique. «On dépensera des milliers de francs pour un intérêt nul. Cet argent serait beaucoup plus utile pour mettre sur pied un véritable centre d’accueil pour les migrants roms.»
Et si la mendicité était interdite à Lausanne, que feraient les Roms? «Je rentrerais chez moi pour voir mourir mes enfants», lâche un homme. Un autre estime qu’il sera obligé de voler du pain pour pouvoir survivre. Calma, 33 ans, présent à Lausanne depuis six mois, estime que le regard des gens a changé ces derniers temps. Et que les affaires vont moins bien. «Avant, je gagnais 30 à 40 fr. par jour en mendiant. Maintenant, c’est plutôt 20 fr. Une fois, j’ai même gagné seulement 1 fr. en six heures!»
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