Editorial de Thierry Meyer, rédacteur en chef de 24 Heures, à propos des prochaines votations sur le renvoi des criminels étrangers.
Un parfum de tragédie grecque flotte sur la Suisse politique. Depuis trois ans, et le succès massif de l’UDC aux élections fédérales, toute personne normalement constituée qui s’intéresse un peu à la chose publique sait que l’expulsion immédiate et sans nuance des criminels de nationalité étrangère est un sujet capable de rencontrer une forte adhésion populaire.
A six semaines du vote sur cet objet sensible, un sondage confirme ce probable verdict de manière éclatante. Et tout se passe comme si les adversaires de l’initiative contemplaient, bouche bée, la déferlante s’abattre sur eux.
Il a pourtant été dit et répété que ce texte posait, dans son application, un problème fondamental de libre circulation des personnes, concept auquel la Suisse a adhéré et dont elle tire les bénéfices. Il a aussi été dit et répété que les questions de criminalité étrangère nécessitaient des réponses claires, rapides et efficaces, dans le cadre des lois existantes. Mais rien n’y fait: nous assistons à la piteuse débandade d’une grande majorité des partis et des lobbies, mélange de résignation, de confusion et de lâcheté, qui attend le triomphe de l’UDC comme la neige en novembre.
La criminalité et la sécurité sont pourtant des domaines bien trop importants pour être laissés à une seule formation politique, qui en a fait son fonds de commerce. La gauche ne sait encore pas comment empoigner un problème qu’elle a trop longtemps préféré ignorer, tandis que le centre-droite se noie dans ses contradictions, et n’arrive même pas à soutenir le contre-projet qu’il a élaboré à la hâte pour rendre «eurocompatibles» les desseins de l’initiative dite des «moutons noirs».
En fait de moutons, les opposants à l’initiative de l’UDC ont l’air d’une escouade de poulets sans tête.
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