Selon un sondage publié hier, l’initiative des «moutons noirs» pourrait l’emporter avec 62% des suffrages.
Plus de 62% de soutien! Il y a bien longtemps qu’un projet UDC n’avait pas eu un sondage aussi favorable à six semaines du vote. Selon les chiffres de la SonntagsZeitung publiés hier, l’initiative pour l’expulsion des étrangers criminels remporterait non seulement un large succès, elle risque surtout de battre le contre-projet.
Rien d’étonnant dans ces résultats. Alors que l’UDC occupe le terrain à coups d’une campagne à plusieurs millions, les autres partis semblent avoir déserté le débat. Et ce n’est pas fini: ces prochaines semaines, la formation de Christoph Blocher remettra la compresse. «Nous n’arrêtons pas de recevoir des dons pour cette campagne», se réjouissait hier dans la presse Adrian Amstutz (UDC/BE).
Comment expliquer l’immobilisme des autres forces politiques face à cette machine de guerre? Chez les libéraux-radicaux (PLR), la situation tourne même au ridicule. Alors que le PLR s’est toujours battu pour le contre-projet, l’initiative remporterait 73% des voix dans ses rangs! Pourtant, ses ténors continuent à être invisibles… «Nous manquons de moyens, se défend Isabelle Moret, vice-présidente romande. Nos affiches, par exemple, ont été fabriquées à l’interne par le secrétariat, sans agence de communication.» Et effectivement, le budget des trois partis du centre-droite – PLR, PDC et PBD – s’élève pour l’instant à 180 000 francs. Et les 150 000 francs, qui, selon nos informations, viennent d’être recueillis par les Amis du PLR, ne changeront pas grand-chose à l’affaire.
Investisseurs réticents
Le centre-droite a toutes les peines du monde à convaincre les milieux économiques à investir dans cette campagne. Même Eveline Widmer-Schlumpf a pointé ce problème du doigt, hier, dans une interview accordée au SonntagsBlick . Elle reproche notamment à EconomieSuisse de ne pas mettre un centime dans la bataille. Johann Schneider-Ammann (PLR), l’entrepreneur à succès devenu il y a peu conseiller fédéral, essaie lui aussi de convaincre les milieux économiques. Il aurait même approché Kaspar Villiger pour tenter d’obtenir des fonds d’UBS. Mais les arguments à sa disposition semblent bien faibles. Il ne peut que brandir la menace d’éventuelles mesures de rétorsion de l’Union européenne en cas d’acceptation du texte de l’UDC, dont la compatibilité avec la libre circulation des personnes est remise en cause par de nombreux experts.
PDC et PS aussi absents
Avec le Parti démocrate-chrétien, le Parti socialiste est l’autre grand absent de cette campagne. C’est que le parti est divisé entre les adeptes du double non, et ceux qui veulent limiter les dégâts en militant pour le contre-projet. La semaine dernière dans une interview accordée au Temps , Christian Levrat expliquait carrément qu’il préférait garder ses cartouches pour les initiatives à venir du PS.
Dans ces conditions, Yvan Perrin, vice-président de l’UDC, se frotte évidemment les mains. «Tout le monde sait que les électeurs veulent un tour de vis. Et du coup, personne n’a envie d’aller au casse-pipe. L’argument financier n’est que l’excuse que les autres partis mettent en avant à chaque fois qu’ils sentent que les choses ne vont pas bien se passer.»
Voilà qui promet de beaux règlements de comptes le soir de la votation .
Fabian Muhieddine dans 24 Heures
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