Gabrielle Amarelle, déléguée à l’intégration de la ville de Lausanne, est l’invitée de la rubrique Opinions de 24 Heures.
Le tract diffamatoire à l’encontre des requérants d’asile distribué récemment dans un quartier lausannois est une preuve tangible supplémentaire que le racisme et la xénophobie sont présents dans notre vie quotidienne. Pourtant, depuis près de quarante ans, la ville de Lausanne investit de manière constante en matière d’intégration, afin de favoriser une meilleure cohésion sociale dans l’espace urbain.
Selon le dernier rapport d’évaluation externe, la situation en matière d’intégration à Lausanne peut être qualifiée de bonne. Cette qualification sans conteste positive est certainement aussi le résultat des efforts réalisés par la collectivité dans son ensemble. Pouvoirs publics, organismes spécialisés, associations: tous apportent leur contribution.
Cependant, la promotion de l’intégration n’est pas suffisante si elle ne comprend pas un axe ambitieux de lutte contre les discriminations et de prévention du racisme.
Ce n’est que depuis une dizaine d’années que la Suisse prend conscience que le racisme a un coût individuel et social. Le Conseil fédéral vient récemment de reconnaître que «peu de procès pour discrimination sont intentés. Pour que le droit en vigueur soit plus souvent appliqué, il faut que le public en ait une meilleure connaissance, qu’il s’agisse des victimes potentielles de discrimination ou de la société en général.»
Dans l’univers du travail, des loisirs, de l’école, des transports publics, du logement, le droit existant est souvent sans effet. Or, tous les jours, des personnes sont pénalisées dans la recherche d’un emploi ou ne bénéficient pas du même accès aux services en raison de leur couleur de peau, de leur nationalité ou de leur appartenance religieuse.
C’est précisément dans ces cas, évidemment les plus nombreux au quotidien, qu’il est important de pouvoir recourir aux instruments différenciés de prévention et d’intervention dans le but de contribuer à un changement d’attitude.
Proches des citoyens, les espaces urbains sont non seulement des lieux de confrontation, mais aussi des laboratoires privilégiés pour apprendre à vivre ensemble et pour prévenir le racisme. Les pouvoirs publics communaux disposent en général de l’autonomie de décision, des moyens d’intervention et des réseaux nécessaires pour passer du discours à la pratique .
La conférence nationale «Les villes s’engagent contre le racisme», organisée en ce jour par la Commission fédérale contre le racisme et le Bureau lausannois pour l’intégration des immigrés, vise justement à renforcer le réseau des villes engagées en la matière. C’est dans ce cadre que la ville de Lausanne présentera son programme de prévention du racisme.
Sensibiliser la population et prévenir le racisme, soutenir les victimes, observer et évaluer les discriminations, ainsi que promouvoir des pratiques équitables constitueront les quatre pôles concrets d’action. L’ensemble des mesures proposées en matière de prévention du racisme vient concrétiser l’engagement résolu de Lausanne – première ville romande à adhérer pleinement à la Coalition européenne des villes contre le racisme.
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