Une trentaine de militants de Droit de rester ont investi l'église Saint-Jacques pour protester contre «l'arbitraire» de Berne et du canton.
A l'appel du collectif Droit de rester, une trentaine de personnes ont investi, hier soir, l'église Saint-Jacques à Lausanne. Elles entendent protester contre la reprise des «vols spéciaux» et dénoncer l'attitude des autorités du canton en matière de régularisations. Une poignée de requérants menacés de renvoi figure parmi les occupants.
Paroisse pas au courant
Il est environ 18 h 30 lorsque les militants de Droit de rester arrivent sur le parvis de cette église réformée. Ils ont amené avec eux matelas, couvertures, sacs de vivres; de quoi assurer le nécessaire au moins pour la nuit. Sans attendre, le groupe pénètre dans l'édifice. A ce moment-là, les responsables de la paroisse ne sont pas encore au courant de l'occupation et une militante du collectif suggère d'attendre avant de se lancer dans la préparation du repas. Moment d'hésitation, on sent une certaine fébrilité. «On est là pour s'installer, pas pour se regarder!», tranche une occupante. Peu à peu, l'attente s'organise: les matelas sont acheminés, des tables sont agencées et l'intendance suit. La nuit sera sans doute longue.
Au nom du collectif, Graziella de Coulon explique les raisons de cette occupation, qui renoue avec la pratique d'il y a quelques années, lorsque le collectif luttait pour la régularisation du groupe dit des «523». Avec la reprise des «vols spéciaux», dit-elle, des dizaines de requérants déboutés sont quotidiennement menacés d'expulsion. Parmi eux, il y a des «cas Dublin», c'est-à-dire des personnes ayant déposé une demande d'asile dans un pays de l'Union européenne avant de venir en Suisse.
Refus: des critères flous
Or en vertu de la clause dite du pays tiers, la Confédération n'entre plus en matière sur ces demandes. Ce faisant, elle ne tient pas compte de la situation humanitaire des personnes expulsables et surtout, des éventuels risques qu'elles encourent, estime Droit de rester. Le collectif dénonce aussi «l'arbitraire» de l'Etat de Vaud en matière de régularisation, notamment dans le cas de requérants en Suisse depuis plusieurs années. «On a présenté au canton trente-huit dossiers de personnes répondant aux critères de régularisation fixés dans l'article 14 al. 2 de la Loi sur l'asile. La plupart de ces demandes ont systématiquement été bloquées», s'insurge Graziella de Coulon.
A ce sujet, précisons qu'une interpellation est prévue ce jour au Grand Conseil. Le député d'A Gauche toute! Jean-Michel Dolivo attend des explications du Conseil d'Etat sur les critères appliqués aux demandes de régularisation par le Service de la population.
Pour finir, le collectif Droit de rester entend interpeller les églises, trop timorées à son goût. «Nous demandons refuge aux églises depuis des années, mais celles-ci demandent à pouvoir choisir les personnes qui occuperont leurs locaux. Nous ne sommes pas d'accord avec cette position: les églises doivent prendre leurs responsabilités», déclare Graziella de Coulon.
Arnaud Crevoisier dans le Courrier
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