Placées en isolement, deux personnes sont accusées des violences commises samedi à la prison pour étrangers en situation irrégulière.
La révolte survenue samedi à la prison administrative de Frambois (notre édition d'hier) ne sera pas sans conséquences pour deux détenus au moins. «Ces personnes, qui sont à l'origine des faits, ont été isolées et enfermées en cellule. La direction a déposé une plainte pénale contre elles», indique Nadine Mudry, secrétaire adjointe au Département de la sécurité, de la police et de l'environnement (DSPE). En revanche, impossible de savoir si ces détenus ont été inculpés ou si un transfert à Champ-Dollon est envisagé. Sur l'origine des violences, le DSPE dément toutefois les informations délivrées durant le week-end par la police. Son porte-parole évoquait dans nos colonnes un «antagonisme» entre prisonniers africains et géorgiens. «La tension est montée parce que des personnes sont prêtes à tout pour éviter leur renvoi de Suisse», explique assez laconiquement Nadine Mudry, en précisant qu'il s'agit de deux détenus africains, suivis dans leur révolte par d'autres. Outre des dégâts constatés dans la cuisine de l'établissement, les échauffourées ont occasionné des blessures à deux gardiens, souligne-t-elle. L'un souffre d'une «côte fissurée» et l'autre doit porter «une minerve». Si la secrétaire adjointe se dit préoccupée, c'est essentiellement pour la sécurité du personnel de la prison. «A Frambois, la prise en charge est excellente. Ces événements ne remettent pas en cause le système.» Du côté des organisations de défense des migrants, quelques contacts téléphoniques avec des détenus permettent peu à peu de retracer le fil des événements, bien que des zones d'ombre subsistent. «Selon nos informations, une personne qui venait de voir sa détention prolongée a craqué et a commencé à s'agiter à l'heure du repas, relate Graziella de Coulon, du collectif vaudois Droit de rester. Lorsque les gardiens sont intervenus pour le mettre à l'écart, des codétenus se sont solidarisés et une bagarre a éclaté, puis ont eu lieu des déprédations.» Avant que certains ne réussissent à raisonner tout le monde lors de l'arrivée de la police. A noter que deux députés genevois de la Commission officielle des visiteurs se sont rendus sur place samedi. Contactée hier, la présidente, Loly Bolay (PS), ne souhaite pas s'exprimer avant que l'ensemble de ses collègues soient informés. Il y a tout juste deux ans, la commission réclamait la fermeture de Frambois, comparé alors à Guantanamo.
Olivier Chavaz dans le Courrier
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