Le Département bernois des travaux publics a confirmé le permis de construire pour un minaret et une coupole sur le centre islamique de Langenthal. Il rejette en revanche les plans d’agrandissement du lieu de culte et de prière. Le responsable de la communauté musulmane de Langenthal se dit toutefois confiant de trouver une solution.
Le Département bernois des travaux publics, des transports et de l’énergie a coupé la poire en deux. Il a confirmé mardi l’autorisation de construire un minaret et une coupole sur le toit du centre islamique de Langenthal. Il refuse en revanche les plans pour agrandir et rénover le bâtiment, un ancien atelier installé dans un quartier de petits immeubles et d’entrepôts en bordure de la bourgade de 15 000 habitants.
Mutalip Karaademi est le président de la communauté musulmane de Langenthal, qui a ouvert il y a bientôt 20 ans un centre de rencontre et une mosquée destinée avant tout aux 2000 familles albanaises de Macédoine de la région. Il se montre d’abord soulagé: «Après la torture de l’attente, c’est une bonne nouvelle. Je suis heureux que la Suisse respecte les principes de l’Etat de droit.» Car avant la votation de novembre 2009, les autorités communales de Langenthal avaient déjà donné par deux fois leur feu vert au projet de minaret. Suite à un premier recours en 2007, elles avaient dû reprendre le dossier. En juin 2009, elles approuvaient à nouveau le projet. C’est contre cette décision que huit personnes avaient recouru.
Ancien droit appliqué
«L’interdiction des minarets a été approuvée en votation populaire alors que la procédure était en cours. Dans un tel cas de figure, c’est en principe l’ancien droit qui s’applique», écrit le Département bernois des travaux publics dans un communiqué, ajoutant que le minaret et la coupole respectent les normes de construction. Le Département en revanche estime que les conditions ne sont pas réunies pour un agrandissement des locaux de prière et de rencontre. «Le bâtiment est conforme à l’affectation de la zone, mais l’indice d’utilisation est largement dépassé et le nombre de places de stationnement est insuffisant», écrit-il, relevant encore que l’accès des fauteuils roulants n’est pas assuré.
Il en faut plus pour décourager Mutalip Karaademi. «Nous allons discuter avec les autorités de Langenthal pour trouver une solution. J’ai bon espoir. Il y a de la place pour toutes les religions dans la ville.» Il fait allusion à la présence sur le territoire de la commune d’un temple sikh de quinze mètres de haut, inauguré dans l’allégresse en 2006.
Le cinquième minaret de Suisse n’est pas pour demain. La communauté musulmane doit continuer à s’armer de patience. La décision du Département des constructions peut être attaquée auprès du Tribunal administratif du canton de Berne, puis auprès du Tribunal fédéral.
Selon l’ATS, les adversaires du minaret réunis au sein du comité «Stopp Minarett» ont déjà fait savoir qu’ils porteront «très probablement» l’affaire plus loin.
Catherine Cossy dans le Temps
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