mercredi 16 décembre 2009
Douze joueurs de l'équipe nationale ont profité d'un tournoi au Kenya pour disparaître. Selon l'Onu, ils sont des dizaines de milliers à déserter le régime paranoïaque d'Isaias Afeworki.
Cela paraît d'un autre temps, quand des champions d'échecs russes et des gymnastes tchèques profitaient d'une compétition internationale pour passer à l'Ouest... Ce week-end, la moitié de l'équipe de football d'Érythrée a disparu dans la nature, à Nairobi (Kenya).
Après leur défaite (4-0) contre la Tanzanie, en quart de finale de la Coupe d'Afrique de l'Est et du Centre (Cecafa), douze joueurs n'ont pas pris l'avion qui devait les ramener dans leur pays. « Leur guide les a attendus en vain à l'aéroport. Nous pensons qu'ils se cachent quelque part », expliquait, hier, Nicholas Musonye, secrétaire général de la Cecafa.
5,3 millions d'habitants, 314 prisons
Son inquiétude ? Que l'Érythrée restreigne encore les déplacements de sportifs à l'étranger... Car les défections se multiplient. En mai 2006, quatre joueurs Read Sea d'Asmara avaient demandé l'asile politique au Kenya, après un match de Ligue des champions d'Afrique.
L'an dernier, six Érythréens sont restés à Edimbourg à l'issue du championnat du monde de cross-country. Le gouvernement d'Asmara impose, désormais, une caution 100 000 nafkas (6 700 €) à tout compétiteur se rendant à l'étranger.
Dans la foulée des sportifs, l'Onu estime que 62 000 Érythréens (sur 5,3 millions) ont quitté leur pays en 2009, ce qui fait du petit pays de la mer Rouge le second pourvoyeur de demandeurs d'asile au monde. Ce qu'ils fuient ? Un régime paranoïaque et autarcique, qui n'a connu qu'un seul Président : Isaias Afeworki, 63 ans,ex-guérillero marxiste devenu chef du parti unique, le Front pour la justice et la démocratie.
L'homme est façonné par trente années d'une guerre d'indépendance que les Érythréens, oubliés du monde, ont menée seuls et remportée grâce à une discipline de fer. Il en tire deux certitudes.
D'abord, que les Érythréens doivent être autosuffisants : son vaste programme d'agriculture en terrasses patinant, le Président a fait main basse sur les stocks du Programme alimentaire mondial ; quant à l'unique usine Coca-Cola, elle a fermé, faute de pouvoir importer ses ingrédients. Second leitmotiv : l'Érythrée, fâchée avec tous ses voisins, doit être prête à en découdre.
Cela justifie un service national obligatoire et... illimité. Il commence, à 18 ans, par un entraînement militaire. Ensuite, l'armée pour les uns, l'édification de l'économie planifiée pour les autres, pour 20 € par mois.
Les réfractaires ? Ils rejoignent les prisons du désert (314 recensées), où l'on cuit dans des conteneurs sous le soleil, et goûtent parfois une méthode de torture locale très raffinée : dévaler une pente coincé dans un pneu.
Accusé de transformer son pays en Corée du Nord africaine, le très secret Afeworki multiplie, ces derniers temps, les interviews, à Reuters, au Washington Post et auChristian Science Monitor. Pour nier tout soutien aux islamistes de Somalie, affirmer que l'Érythrée « n'a pas besoin d'élections » et que ceux qui semblent la fuir « partent en pique-nique »
Après leur défaite (4-0) contre la Tanzanie, en quart de finale de la Coupe d'Afrique de l'Est et du Centre (Cecafa), douze joueurs n'ont pas pris l'avion qui devait les ramener dans leur pays. « Leur guide les a attendus en vain à l'aéroport. Nous pensons qu'ils se cachent quelque part », expliquait, hier, Nicholas Musonye, secrétaire général de la Cecafa.
5,3 millions d'habitants, 314 prisons
Son inquiétude ? Que l'Érythrée restreigne encore les déplacements de sportifs à l'étranger... Car les défections se multiplient. En mai 2006, quatre joueurs Read Sea d'Asmara avaient demandé l'asile politique au Kenya, après un match de Ligue des champions d'Afrique.
L'an dernier, six Érythréens sont restés à Edimbourg à l'issue du championnat du monde de cross-country. Le gouvernement d'Asmara impose, désormais, une caution 100 000 nafkas (6 700 €) à tout compétiteur se rendant à l'étranger.
Dans la foulée des sportifs, l'Onu estime que 62 000 Érythréens (sur 5,3 millions) ont quitté leur pays en 2009, ce qui fait du petit pays de la mer Rouge le second pourvoyeur de demandeurs d'asile au monde. Ce qu'ils fuient ? Un régime paranoïaque et autarcique, qui n'a connu qu'un seul Président : Isaias Afeworki, 63 ans,ex-guérillero marxiste devenu chef du parti unique, le Front pour la justice et la démocratie.
L'homme est façonné par trente années d'une guerre d'indépendance que les Érythréens, oubliés du monde, ont menée seuls et remportée grâce à une discipline de fer. Il en tire deux certitudes.
D'abord, que les Érythréens doivent être autosuffisants : son vaste programme d'agriculture en terrasses patinant, le Président a fait main basse sur les stocks du Programme alimentaire mondial ; quant à l'unique usine Coca-Cola, elle a fermé, faute de pouvoir importer ses ingrédients. Second leitmotiv : l'Érythrée, fâchée avec tous ses voisins, doit être prête à en découdre.
Cela justifie un service national obligatoire et... illimité. Il commence, à 18 ans, par un entraînement militaire. Ensuite, l'armée pour les uns, l'édification de l'économie planifiée pour les autres, pour 20 € par mois.
Les réfractaires ? Ils rejoignent les prisons du désert (314 recensées), où l'on cuit dans des conteneurs sous le soleil, et goûtent parfois une méthode de torture locale très raffinée : dévaler une pente coincé dans un pneu.
Accusé de transformer son pays en Corée du Nord africaine, le très secret Afeworki multiplie, ces derniers temps, les interviews, à Reuters, au Washington Post et auChristian Science Monitor. Pour nier tout soutien aux islamistes de Somalie, affirmer que l'Érythrée « n'a pas besoin d'élections » et que ceux qui semblent la fuir « partent en pique-nique »
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