jeudi 5 novembre 2009

Les requérants irritent le patron des grottes

Le dérapage verbal du président des Grottes Walter Zehnder, mardi, relance la controverse sur la cohabitation avec les hôtes du Centre d’enregistrement et de procédure. Un article de Pierre Blanchard dans 24 Heures.

Président de la Société des Grottes, Walter Zehnder a surpris par sa réaction véhémente à la médiatisation des travaux d’utilité publique. Il reconnaît avoir proféré des propos «vulgaires» sous l’emprise de la colère. Photo Olivier Allenspach La médiatisation des travaux d’utilité publique effectués par les pensionnaires du Centre d’enregistrement et de procédure (CEP) de Vallorbe a suscité l’ire de Walter Zehnder, président de la Société des Grottes. A tel point qu’il a dérapé verbalement. Concrètement, il a insulté les deux municipaux en charge du dossier asile dans le Journal de Vallorbe et traité de «négros» les requérants dans une interview accordée mardi à 20 minutes. Un dérapage qui a surpris, Walter Zehnder étant une personne respectée à Vallorbe. Directeur retraité de Gondrand SA, il est actif dans les milieux associatifs.

«J’ai agi sous le coup de la colère. Je ne renie pas mes propos. Je reconnais qu’ils sont vulgaires», explique l’intéressé. Ce qui le dérange, c’est la présence de requérants à proximité de lieux touristiques, et tout spécialement du Musée du fer. «Ils découragent les touristes.»

«Même si je ne partage pas ses propos, Walter Zehnder a le courage de ses opinions. Il exprime tout haut ce que d’autres Vallorbiers disent tout bas. Si la forme n’y est pas, les questions qu’il soulève doivent être entendues», commente Yvette Bourgeois, présidente de l’Association auprès des requérants d’asile de Vallorbe œcuménique et humanitaire (ARAVOH).

La cohabitation avec les requérants est parfois difficile, même s'ils participent à des travaux utiles à la population locale. Photo Michel Duperrex

La cohabitation avec les requérants avait suscité un vif débat à Vallorbe, il y a deux ans. L’ancien syndic avait alors obtenu du canton et de la Confédération un meilleur encadrement des requérants. Depuis, la situation s’était apaisée. Le coup de sang de Walter Zehnder remet-il tout en cause?

Nouvelles approches

Pas pour le nouveau syndic, Stéphane Costantini: «Je ne cautionne pas les propos de Walter Zehnder. Mais nous ne minimisons pas les problèmes et cherchons des solutions avec nos partenaires que sont la Confédération, le canton, l’ARAVOH et les CFF.» Une approche confirmée hier par le conseiller d’Etat Philippe Leuba, mais aussi par la venue à Vallorbe, le mois dernier encore, de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf pour une rencontre avec la Municipalité.

De leur côté, les CFF font un geste en acceptant que l’ARAVOH, qui encadre les requérants à la gare, s’installe à la gare de marchandises. «Avant de prendre notre décision, nous avons fait le tour de l’ensemble des problèmes de sécurité que pose l’installation de locaux mobiles proches des voies», rapporte Frédéric Revaz, porte-parole des CFF. Nous allons communiquer par écrit cette décision ces prochains jours.»

Propos confirmés par le syndic Stéphane Costantini, qui a déjà reçu l’information par téléphone hier après-midi. Sur le terrain, les travaux d’utilité publique se sont multipliés et vont se poursuivre. La Société des Grottes, que préside Walter Zehnder, va même en profiter!

Fernand Melgar, réalisateur de La forteresse – film tourné au CEP de Vallorbe – est attristé par l’image négative que ce dérapage de Walter Zehnder donne une nouvelle fois de Vallorbe: «Des propos similaires auraient pu être rapportés dans d’autres villages qui n’assument pas la présence d’un CEP sur leur territoire.»

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