jeudi 5 novembre 2009

Les campements roms détruits par la police et la voirie

GÉRALDINE VIREDAZ

GenèveROMS - Les forces de l'ordre ont «nettoyé» les camps roms de Genève. Pour les reloger, les services sociaux de la Ville prévoient d'anticiper l'ouverture des abris PC.
Mardi, la police et la voirie ont mené une opération choc auprès des campements roms. A la Jonction, à la Servette, dans des parcs et sous les ponts, la municipalité et le canton ont uni leurs forces pour confisquer les affaires des gens du voyage. Matelas, tentes, couvertures et effets personnels ont été saisis par la voirie, tandis que la police a procédé à des contrôles d'identité. Les agents de sécurité municipaux (ASM), du ressort du Département de l'environnement urbain et de la sécurité, ont également participé à l'intervention.
Pour les forces de l'ordre, cette intervention s'inscrit dans une politique de sécurité et de salubrité publique: «Il ne s'agissait pas d'effets personnels mais de détritus», déclare Eric Grandjean, attaché de presse de la police. «Un matelas moisi et maculé de fientes, nous ne considérons pas cela comme la propriété de quelqu'un. Il s'agit de la vingtième opération de ce genre que nous menons cette année, et nous avons déjà ramassé plusieurs tonnes de déchets», précise-t-il.


Sans solution à long terme

Du côté de l'association de soutien aux Roms Mesemrom, la consternation règne: «Les Roms se sont retrouvés sans couverture, sans affaires et sans lieu pour dormir, alors qu'il pleuvait et faisait très froid. Des médicaments ont été saisis, mettant en danger certaines personnes», s'indigne Dina Bazarbachi, présidente de Mesemrom. «Les abris sociaux n'ouvrent que le 16 novembre. Comment vont-ils faire jusque-là?» s'inquiète-t-elle, avant de préciser que parmi les personnes concernées, il y avait des enfants. L'association a pu loger les plus jeunes dans l'urgence, mais une solution à plus long terme se fait encore attendre.
Le relogement des Roms ne fait pas partie de la mission de la police. Eric Grandjean le souligne: «Nous suggérons aux personnes interpellées de se rendre du côté des services sociaux, mais leur relogement n'est pas de notre ressort.»
Du côté de la Ville, le chef du Département de la cohésion sociale, de la jeunesse et des sports, Manuel Tornare, déplore ne pas avoir été mis au courant de l'opération par le Département de l'environnement urbain et de la sécurité: «Habituellement dans ce genre de cas, nous travaillons en commun avec la voirie et les ASM. Cette fois, nous n'avons pas été contactés. Je vais faire ouvrir dans les prochains jours l'abri PC des Vollandes, qui peut accueillir une centaine de personnes.»
Interrogés dans la rue par l'intermédiaire de Mesemrom, deux Roms répondent sur le ton de la fatalité: «Nous avons dormi sur des cartons, et hier nous sommes allés acheter de nouvelles couvertures au marché aux puces.» L'un confie sa peur face à de telles actions, tandis que l'autre, le regard lointain, marmonne des mots d'indifférence. «Nous ne volons pas, nous de dealons pas de drogue: tout ce que nous voulons, c'est qu'on nous laisse en paix», ponctuent-ils.
Selon Mesemrom, les Roms de Genève sont majoritairement originaires de Roumanie et effectuent des séjours alternés entre leur pays et la Suisse. Leur activité principale est la mendicité, mais selon l'association, certains souhaiteraient travailler. «Le marché du travail leur est difficilement accessible, car ils n'ont pas ou peu de formation, sont presque tous analphabètes et non francophones», commente un membre de Mesemrom

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