mardi 6 octobre 2009

La démission politique du ministre vaudois de l'asile

La démission politique du ministre vaudois de l'asile

Paru le Mardi 06 Octobre 2009 dans le Courrier
MICHAËL RODRIGUEZ

Vaud«Humaine et responsable». C'est ainsi que le ministre vaudois de l'Intérieur, Philippe Leuba, se plaît à qualifier la politique d'asile cantonale. Après deux ans de règne du libéral, on commence surtout à en voir les dégâts humains. L'expulsion, hier, d'un jeune Congolais arraché à sa famille et privé des soins hospitaliers qu'il aurait dû recevoir, est la dernière illustration en date d'une obstination aveugle. On ne peut certes pas reprocher aux autorités vaudoises de ne rien faire pour obtenir des régularisations humanitaires. A la différence d'autres cantons, Vaud fait largement usage de la possibilité qui lui est laissée de présenter des cas individuels à Berne. Mais Philippe Leuba, qui roule volontiers les mécaniques sur les voies bien balisées, est moins courageux lorsque le chemin est étroit. L'affaire de l'ancien employé communal de Bassins en 2007 et, plus récemment, l'histoire tragique de la sans-papiers équatorienne victime d'un accident à la place Bel-Air à Lausanne n'ont pas été précisément des démonstrations d'humanité, ni de courage. Face à de telles situations, Philippe Leuba se retranche derrière un discours sèchement administratif et juridique. Comme si les textes de lois étaient paroles divines et ne devaient pas, nécessairement, faire l'objet d'une interprétation. Qui, elle, est politique. Donc humaine. Et là, comment ne pas voir que les valeurs de la vie en société comme la logique – la raison comme le coeur – sont foulées aux pieds quand un requérant d'asile est expulsé alors que toute sa famille vit en Suisse, dont une soeur naturalisée? Comment ne pas trouver lâche et sordide que son expulsion soit si urgente qu'il faille annuler une opération prévue à l'hôpital, comme si le pays était mis en danger par sa présence? Les autorités cantonales ont un pouvoir – et un devoir – d'examen. Responsables de l'exécution des renvois, elles doivent s'assurer que les expulsions décidées par Berne sont licites et raisonnablement exigibles. En l'occurrence, le canton n'aurait même pas eu besoin de faire preuve d'une extraordinaire bravoure. Un peu moins d'empressement aurait suffi. Mais Philippe Leuba a apparemment trop envie d'afficher sa soumission aux autorités fédérales. A un tel degré, cela s'appelle de la lâcheté politique.

Aucun commentaire: