L'opération de démantèlement des campements de migrants sans papiers près de Calais, annoncée par le ministre de l'Immigration Eric Besson, a commencé ce mardi matin. Peu avant 7h30, des cars de CRS ont commencé à encercler le camp.
Les migrants, au moins 150, selon les journalistes sur place, ont été prévenus par des mégaphones. Ils se sont aussitôt placés derrière des banderoles, préparées à l'avance et rédigées en anglais et en pachtoune. «Nous avons besoin d'un abri et de protection. Nous voulons l'asile et la paix. La jungle est notre maison», proclame l'une d'elles.
Ils attendaient l'intervention des policiers, dans un grand silence, en présence d'une nuée de journalistes et de militants associatifs.
Les migrants avaient allumé un feu de palettes toute la nuit, partageant thé et cigarettes avec les journalistes. Certains se sont endormis autour du feu, d'autres dans leurs cabanes.
Garde à vue pour les majeurs
Un total de 278 migrants, dont 132 se déclarant mineurs, ont été interpellés à l’issue de l’intervention des forces de l’ordre qui a duré deux heures, a indiqué le préfet du Pas-de-Calais Pierre de Bousquet de Florian.
Selon l’entourage du préfet, un militant «No border», parmi ceux qui s’étaient interposés, a également été interpellé et emmené par les policiers. D’autres militants neutralisés pendant l’opération ont été aussitôt relâchés.
Les migrants majeurs ont été placés en garde à vue, alors que ceux qui se sont déclarés mineurs ont été placés dans des «centres spécialisés», a précisé le préfet, au cours d’un point de presse sur place.
Une deuxième phase de l’opération va pouvoir commencer avec le déblaiement de toutes les installations de fortune où ont vécu jusqu’à 800 migrants à la fois, depuis la fermeture du centre de la Croix Rouge de Sangatte (Pas-de-Calais) en 2002.
Les interventions sur les autres squats et campements sauvages de migrants devraient se poursuivre parallèlement.
Préfet invectivé
«A mesure que nous intervenons, nous faisons petit à petit cesser l’idée pour les passeurs que la solution pour les migrants est à Calais et que de Calais on passe en Grande-Bretagne», a souligné le préfet. Il a affirmé que ces opérations n’étaient pas la conséquence d’un accord avec les Britanniques. «C’est une opération qui relève de la souveraineté française», a-t-il martelé.«Mais, a-t-il ajouté, nous travaillons avec les Britanniques pour rendre la frontière plus étanche».
Des militants associatifs ont perturbé le point presse du préfet aux abords de la «jungle», en l’invectivant bruyamment.
Devenue emblématique de la détresse des clandestins cherchant à tout prix à passer en Angleterre, qu'ils perçoivent comme un «eldorado», la «jungle» est située à proximité des axes empruntés par les poids lourds en attente d'embarquer sur les ferries qui traversent la Manche.
Entre 700 et 800 migrants, dans leur immense majorité de jeunes Afghans de l'ethnie pachtoune, y vivaient avant l'annonce de son prochain démantèlement, annoncée comme imminente par le ministre de l'Immigration le 16 septembre.
Selon les associations humanitaires, des centaines de migrants ont quitté la «jungle» au cours des dernières semaines pour échapper à l'arrestation.
Lu dans Libé
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