CherEs signataires,
Fahad K. a été réveillé par la police au petit matin dans sa cellule zurichoise ce jeudi. Alors qu’il n’opposait aucune résistance, fortement affaibli par sa mise à l’isolement depuis une semaine, six policiers l’ont menotté aux chevilles et aux poignets puis sanglé les cuisses et les bras. Ils l’ont ensuite mis dans un vol spécialement affrété pour la Suède.
La mandataire juridique Elise Shubs et moi-même avions pourtant fait part jeudi dernier 26 mars au proche collaborateur et à la chargée de communication de la Conseillère fédérale, qu’en cas d’échec du dernier recours, Fahad K. souhaitait partir volontairement sur un vol de ligne pour la Suède. Même cette dernière demande, qui aurait permis à Fahad K. de quitter le sol helvétique avec dignité, n’a pas été entendue par Mme Widmer Schlumpf. Ce qui aurait pourtant permis au contribuable suisse de faire une économie de 60'000 francs...
A cette heure, l’Office fédéral des migrations n’a toujours pas averti officiellement la mandataire juridique du départ forcé de Fahad K. C’est lui-même qui l’a appelé depuis Stockholm pour la prévenir de son expulsion.
A son arrivée à Stockholm, les autorités suédoises lui ont transmis la décision de renvoi vers l’Irak, lui annonçant qu’il allait retourner au camp de Boden (à 1060 km au nord de Stockholm) qui regroupe des requérants irakiens en vue de leur expulsion.
En effet, afin de limiter le nombre d’Irakiens sur son sol, la Suède a conclu en avril 2007 des accords avec l’Irak pour rendre les renvois forcés possibles malgré la situation de violence généralisée qui persiste dans ce pays. La Suède a mis également en place des procédures d'asile accélérées pour simplifier les renvois des requérants irakiens.
La Suisse, la France et Amnesty International sont opposés à tout renvoi forcé vers l'Irak à l’heure actuelle. Conformément à la position du Haut Commissariat aux Réfugiés, ils estiment que toutes les personnes originaires, comme Fahad K., du sud et du centre de l'Irak doivent obtenir le statut de réfugié ou une forme de protection subsidiaire.
Fahad K. a quitté l’Irak en été 2007 avec des motifs d’asile solides. En examinant son dossier, il ressort que les autorités suédoises n’ont pas tenu compte de la portée des risques que ce dernier encourt en Irak comme ancien interprète de l’Armée américaine. La Suisse avait la possibilité de corriger cette erreur en faisant recours à la clause de souveraineté qui permet aux Etats de se saisir d’une demande d’asile et d’entrer en matière sur celle-ci dans certains cas.
Aujourd’hui, les autorités suédoises ont attribué d’office la même mandataire juridique que lors de son dernier séjour. Cette dernière ne maitrise pas l’anglais et avait transmis la décision de renvoi vers l’Irak à Fahad K. trop tard pour pouvoir faire un recours, un vice de forme reconnu par l’Office fédéral suisse des migrations. Elle aura 21 jours pour faire un dernier recours contre cette décision bien qu’elle ne connaisse pas le dossier.
Fahad K. se retrouve ce soir seul en Suède, dans un état de santé physique et psychique alarmant, traumatisé par son passage en Suisse et terrorisé par ce qu’il l’attend. Il se dit soulagé de ne plus avoir à faire à la police suisse.
Désolé d’avoir à vous apprendre de si tristes nouvelles et merci encore pour votre soutien.
Fernand Melgar,
vendredi 3 avril 2009
L’Office fédéral des migrations a eu raison de Fahad K.
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