lundi 12 janvier 2009

Pas d'hôpitaux performants sans les étrangers

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A l'Hôpital de l'Ile, plus de 30% des médecins sont des Européens. Des Allemands surtout. 

Plus de trois quarts des hôpitaux, cliniques et homes médicalisés suisses avouent avoir de la peine à recruter le personnel qualifié nécessaire. Les spécialistes manquent surtout pour la médecine de pointe. Dans le domaine de la santé, la libre circulation des personnes est jugée indispensable. Urs Birchler, le directeur de l'Hôpital de l'Ile, centre hospitalier universitaire bernois, en est un avocat déterminé: «Sans collaborateur étranger, notre hôpital ne pourrait tout simplement plus se maintenir au niveau actuel, tant du point de vue quantitatif que qualitatif.» 
Un travailleur sur cinq 
Petite radiographie du personnel de cet hôpital universitaire. Sur les 42 professeurs en médecine, 10 viennent de l'Union européenne. 375 médecins sur les 1118 qui y travaillent sont des Européens, soit 33,5%. Ce taux est de 13% pour le personnel de soins (sur un total de 3062 personnes) et de 16% pour les personnes employées dans des fonctions de soutien (2886 en tout). Sur l'ensemble des 7393 employés de l'Hôpital de l'Ile, 22% ont donc un passeport étranger. 10% sont des Allemands, 2% des Espagnols, 1,6% des Portugais et 1,4% des Italiens. 
Le critère de la langue 
Les Allemands sont surtout très représentés parmi le personnel très qualifié. Sur les 375 médecins européens, 330 sont Allemands. Et sur les 15 médecins chefs originaires de l'UE, 10 viennent d'Allemagne, les cinq autres de Finlande, Grande-Bretagne, Autriche et Slovénie. La maîtrise de la langue reste un critère d'engagement important, ce qui explique le nombre élevé d'Allemands recrutés. En Suisse romande, la filière française et belge remplace la filière allemande. 
Cette main-d'œuvre européenne a-t-elle beaucoup évolué avec l'introduction de la libre circulation, dès 2002? «Pas de manière significative», commente Urs Birchler. Car les hôpitaux suisses pouvaient déjà avant, sous le régime des permis de travail annuels, engager davantage de travailleurs étrangers que dans les autres branches. La pénurie de collaborateurs qualifiés a toujours été reconnue par les autorités. 
Entre 2000 et 2009, la main-d'œuvre étrangère n'a ainsi augmenté que de 2% à l'Hôpital de l'Ile. En 2000, 20% du personnel était déjà étranger. Cette petite augmentation concerne surtout les médecins assistants. Elle reflète deux réalités: la nouvelle ordonnance sur les 50 heures hebdomadaires a augmenté le nombre de médecins assistants à recruter, tandis que le numerus clausus pour les étudiants en médecine en Suisse limite le nombre de candidats helvétiques. 
Dégâts d'image en cas de non 
Un non le 8 février équivaudrait à un retour en arrière, synonyme de lourdes tracasseries administratives pour recruter le personnel étranger nécessaire. Pire encore, commentait récemment dans La Liberté le directeur des ressources humaines du CHUV, Emmanuel Masson, «le message délivré serait terrible pour notre recrutement. Il reviendrait à dire aux Européens: les Suisses ne veulent pas de vous! Ce qui n'est pas très motivant...» 
Urs Birchler insiste sur un autre point: la culture des frontières ouvertes est nécessaire dans les deux sens: «Il est fondamental que les personnes de notre pays appelées à assurer la relève en médecine et dans la recherche puissent être accueillies à l'étranger pour leur formation continue et qu'elles aient de bonnes chances d'accéder à des postes qui soient un défi pour leur carrière.» 

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