lundi 12 janvier 2009

Les sans-abri se bousculent pour dormir au chaud à la protection civile

Depuis son ouverture, le 1er décembre, l’abri de la Vallée de la Jeunesse est pris d’assaut, notamment par les Roms. Chronique d’une soirée ordinaire dans un lieu d’accueil d’urgence à Lausanne. Un article de Claude Béda dans 24 HeuresLe gîte et le couvert assurés, les demandeurs sont nombreux à profiter de l’abri PC de la Vallée de la Jeunesse. . 

«Ici, à l’entrée, ça pousse tous les soirs et ça peut vite devenir le Bronx. Parfois, nous devons de­mander l’aide de la police.» Ven­dredi soir, 22 h: aux côtés des deux veilleurs de piquet, Daniel Simecek, responsable de l’abri PC de la Vallée de la Jeunesse, a toutes les peines à endiguer la trentaine de sans-abri qui se bousculent pour prendre un des 25 lits mis à disposition dans les deux dortoirs et la chambre des­tinée aux femmes. «Les Roms nous posent problème, car ils viennent en groupe, confie Da­niel Simecek. Nous sommes ré­gulièrement contraints de refu­ser l’entrée à un certain nombre d’entre eux. Ils s’en vont alors dormir dans leurs voitures, dont un bon nombre sont immatricu­lées en France. Nous acceptons en priorité les Suisses, les habi­tués, les aînés et les personnes fragilisées dans leur santé. Nous gardons aussi deux ou trois pla­ces pour les personnes que la police pourrait trouver en train de dormir dehors. Ici, c’est vrai­ment le lieu de dernier secours.» Depuis son ouverture, le 1er dé­cembre dernier, l’abri PC a affi­ché complet tous les jours, sauf le 31 décembre et le 1er janvier. L’endroit accueille chaque soir en moyenne deux ou trois SDF de la région, une dizaine de requé­rants d’asile et une quinzaine de ressortissants d’Europe de l’Est, des Roms principalement. «Après, à l’intérieur, ça se calme, com­mente Grégoire, veilleur. Ils sa­vent qu’ils ont à manger et qu’ils peuvent dormir au chaud.»
«Je rêve de trouver un travail et un logement»

  Gilles, Français de 19 ans, de la région de Besançon, à la quête d’un travail en Suisse depuis six mois, fait, lui, partie des habi­tués.
Il vient de passer une di­zaine de nuits dans l’abri. «Je viens directement ici, car je sais qu’il y a toujours de la place pour moi, explique-t-il. Je n’ai pas le choix: je cherche une place d’aide-cuisinier, mais présenter un CV sans adresse fixe, ça la fout toujours mal. Des petits boulots me permettent de payer les cinq francs d’entrée. Je me débrouille pour ne jamais dormir dehors. Je rêve de trouver un travail et un logement. J’essaie de garder espoir. Ici, ça ne se passe pas trop mal. On mange et on va se coucher.» Samedi matin, 7 h: les deux veilleurs réveillent leurs hôtes d’infortune. Les der­niers s’en vont à 8 h 30, sans savoir où ils passeront la pro­chaine nuit.

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