Le « pacte européen sur l'immigration et l'asile » - Les cercles de silence à Marseille
La France proposera à l'adoption du prochain conseil des ministres de l'Union Européenne, les 24 et 25 novembre, son « pacte européen sur l'immigration et l'asile » dont les aspects les plus dangereux nous semblent être les suivants :
Le contrôle des frontières extérieures de l'U.E. sera renforcé et de l'éloignement des étrangers en situation irrégulière sera accru.
Pour passer des accords économiques avec l'U.E., les pays du Sud seront obligés de :
Signer des accords de réadmission les engageant à reprendre sur leur territoire, non seulement leurs propres ressortissants en situation irrégulière, mais également tous les étrangers ayant transité par leur pays pour se rendre en Europe.
Mettre en place une politique pour bloquer, contrôler et renvoyer ces migrants candidats à l'Europe. Cela se traduirait par la multiplication des contrôles, des violences, de la xénophobie, et concrètement des « camps pour étrangers ».
Mettre en place une politique pour empêcher leurs ressortissants candidats à l'émigration vers l'Europe de mettre leur projet à exécution en faisant de l'émigration irrégulière un délit, en violation de l'article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme . C'est déjà le cas au Maroc et en Algérie. Concrètement cela se traduirait par une militarisation de ces sociétés qui ont déjà tant de mal à s'en libérer.
En contrepartie, l'Europe leur accorderait des quotas de migrants en fonction des besoins de celle-ci, notamment en personnes hautement qualifiées. Quant à l'aide au développement, les promesses sont un leurre quand on sait que les pays européens n'ont pas respecté jusqu'à maintenant les engagements qu'ils ont pris à ce sujet.
Les 20 & 21 octobre, à Paris, aura lieu la seconde conférence interministérielle euro-africaine au cours de laquelle les pays africains se verront pro(im)poser le type d'accord que nous venons d'exposer, appelés par ailleurs « de gestion concertée des flux migratoires et de co-développement ».
Derrière des mots ronflants, nous voyons se profiler une nouvelle forme de colonialisme reposant sur le libre accès à leurs ressources, l'exploitation de leur main d'oeuvre et l'assignation à résidence de la très grande majorité.
LES CERCLES DE SILENCE à MARSEILLELe cercle de silence est l'action d'un collectif de citoyens qui refusent le traitement inhumain que l'Etat français réserve aux migrants en situation irrégulière du fait de dispositions législatives, nationales ou européennes, contraires aux droits fondamentaux de la personne humaine.
Pourquoi en cercle ?
Dans le cercle, nous sommes tous à égale distance du centre qui représente les Droits humains fondamentaux.
« Tous les Hommes naissent libres et égaux en dignité et en droit »
Le cercle symbolise la liberté humaine, capable de produire de la justice, de l'égalité, du sens.
Pourquoi en silence ?
Nous faisons silence pour écouter la souffrance des « sans papier », provenant de la peur constante d'être renvoyé et d'une précarité parfois très grande.
Nous faisons silence pour réfléchir sur cette situation et en rechercher le sens :
Quelle image de l'Homme véhicule une politique aux accents xénophobes ?
Où nous mène-t-elle ?
Vers quelle forme de société voulons-nous cheminer ensemble ?
Ce silence veut être :
un moyen d'action à la portée de tous ;
une interpellation adressée aux pouvoirs publics ;
un temps d'intériorité pour une prise de conscience ;
elle peut déboucher sur un engagement plus motivé.
Les prochains rendez-vous :
Jeudi 25 septembre de 17h30 à 18h30, cours St Louis (au croisement Canebière – Rue de Rome)
Jeudi 23 octobre de 12h30 à 13h30, place de la Joliette
Jeudi 27 novembre de 17h30 à 18h30, Rond point du prado
Les cercles de silence sont soutenus à Marseille par : le CCFD – la Cimade – la Pastorale des Migrants – le Réseau Éducation Sans Frontières
Europe - Immigration : La forteresse Europe dresse une nouvelle barricade.
Les ministres de la Justice et de l'intérieur européens ont validé le 25 septembre dernier à Bruxelles après des négociations diverses entre les différentes parties le pacte européen de l'immigration. Ce pacte, fruit de dures négociations entre les 27 est qualifié par plusieurs organisations de défense des droits des immigrés de « directive de la honte » durcit un peu plus les conditions d'accès, de séjour et d'éloignement des étrangers en Europe.
Les chefs d'Etat doivent l'entériner officiellement lors du sommet de l'UE du 15 et 16 octobre prochains. Ce pacte reprend pour partie le concept « d'immigration choisie » du président français Nicolas Sarkozy et comprend cinq grandes règles
Une « carte bleue » inspirée de la « Green card » américaine pour attirer les « cerveaux »
Ce pacte privilégie une mesure chère au chef de l'Etat français, l'immigration de travail. Il encourage l'arrivée de main d'œuvre dite qualifiée. Les ministres présents à Bruxelles ont donné leur accord préalable au système de "carte bleue" européenne, inspirée de la "green card" américaine. Elle sera délivrée aux "cerveaux"pour leur permettre d'accéder aux emplois hautement qualifiés. Comment définir ces métiers? La directive « carte bleue», qui devrait être finalisée cette année et venir compléter le dispositif prévu par le pacte, prévoit de retenir le critère du salaire. Ainsi, un ingénieur ou un médecin à la recherche d'un emploi en Europe devrait gagner au moins 1,5 fois le salaire moyen de leur pays d'accueil pour être considéré comme des immigrants qualifiés. Des dérogations sont prévues pour les secteurs souffrant de pénurie de main d'œuvre.
Toujours selon ce pacte,la régularisation des sans-papiers ne sera plus massive, même si elle a été le cas dans plusieurs pays à l'instar de la Belgique en l'an 2000. Désormais, la régularisation des personnes présentes sur le territoire européen et se trouvant en situation administrative irrégulière se fera au cas par cas. Le visa biométrique sera obligatoire d'ici 2012 pour renforcer la lutte contre les clandestins et le contrôle aux frontières et une véritable police européenne aux frontières sera mise sur pied et chargée de coordonner la surveillance des frontières extérieures de l'UE.
Durcissement des conditions du regroupement familial
Les ministres de la Justice et de l'intérieur européens ont également statué sur les cas de regroupement familial. Selon ce pacte, le regroupement familial constitue l'une des principales sources d'immigration. L'union européenne souhaite de ce fait le réguler en prenant en compte par exemple la connaissance de la langue du pays d'accueil.
En matière d'immigration
Le pacte prévoit également une harmonisation du traitement des demandes d'asile au niveau européen. L'interprétation des conventions de Genève de 1951 sur l'asile s'effectue plus ou moins strictement selon les Etats membres de l'UE. A la différence de la France, du Royaume-Uni ou de la Suède, un pays comme la Grèce n'accorde presque aucune demande d'asile. En fonction du pays européen, le statut de réfugié obéit donc à des règles très différentes. Un candidat réfugié est soumis actuellement aux règles en vigueur dans son pays d'accueil. Avec le pacte européen, l'on assistera désormais à une harmonisation du traitement des demandes d'asile au niveau européen. Le ministre français de l'Immigration, Brice Hortefeux a annoncé la mise en place d'un régime commun de l'asile pour 2010.Un bureau européen d'appui sur l'asile pour faciliter l'information va être mis en place au premier trimestre 2009
Vers un partenariat avec les pays d'immigration
Le pacte prévoit également de créer un partenariat plus global avec les pays d'immigration afin de favoriser leur développement et de décourager les candidats au départ. Selon Bernard Andries, administrateur de l'Ong Terre d'accueil, les Européens doivent également être conscients qu'ils sont eux-mêmes à l'origine du flux migratoire exponentiel dans leur continent. Il ne sert à rien d'apporter du soutien à des dictateurs du Sud par exemple ajoute t-il.
Ce d'autant plus vrai que dans la plus part des cas, certains dirigeants du Sud, soutenus par certains pays Européens, règnent en véritable maître, appauvrissent leur peuple et les démunis sont obligés de quitter leur pays soit parce qu'ils ont faim ou encore pourchassés pour leurs idées et leur conviction politique.
Bon nombre d'Euro-députés n'ont pas caché leurs doutes et leur inquiétude, sur la façon d'appliquer ces lois. Plusieurs d'entre eux souhaitent inciter les Etats membres à utiliser des moyens incitatifs, plutôt que d'adopter une politique de menaces et de sanctions. Avec l'adoption du nouveau pacte européen du 25 septembre dernier à Bruxelles, la forteresse Europe dresse une nouvelle barricade.
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