mercredi 30 janvier 2008

Requérants plus visibles et moins rassurants

«Je peux vous citer dix dames âgées qui m’ont dit qu’elles ne viendraient plus faire leurs courses à Vallorbe. Elles vien­nent de Bretonnières, Premier, etc., et elles ont peur de traver­ser la gare.» C’est Jean-Luc Martignier, boucher, qui le dit.


Interdire la gare aux requérants?
C’est le remède prôné par le Conseil
communal en décembre dernier,
pour mettre un terme à
l’omniprésence des demandeurs
d’asile qui gênent les usagers.


De l’insécurité à la gare de Vallorbe? Un sentiment en tout cas, pour bon nombre d’habi­tants, né de l’omniprésence de requérants d’asile à ses abords.
Lundi, 10 h 30. Ils sont une vingtaine d’Africains réunis devant l’entrée de la gare.
Comme chaque jour. Le soleil brille et ils restent à l’extérieur, à siroter des bières. «Mais quand il pleut, ils peuvent être une quarantaine à l’intérieur à faire la fête», glisse une femme qui travaille à la gare. Du coup, les CFF ont… retiré les bancs qui se trouvaient à l’intérieur de l’édi­fice et fermé les salles d’attente.
Dehors, les réfugiés discutent. Bruyamment. Refusent toute photo et prétendent ne parler qu’anglais. Pourtant, un Ivoirien s’approche spontanément. «Je suis là depuis le 7 janvier», explique-t-il. «Nous interdire d’aller à la gare? Je ne suis pas au courant. Nous, on est des étrangers, ce n’est pas nous qui décidons. Si on nous interdit de venir ici, on ira ailleurs.» Là est le problème. A Val­lorbe, les requérants sont con­damnés à l’oisiveté. La situation a empiré aux yeux de la popula­tion car depuis quelques mois, leurs heures de sortie ont été étendues. Le CEP accueille aussi de plus en plus de réfugiés (actuellement 240) et ces der­niers restent à Vallorbe parfois 60 jours.
S’ils vont à la gare, c’est parce que c’est le lieu public chauffé le plus proche du centre. Et aussi parce que l’Aravoh (Association auprès des requérants d’asile de Vallorbe oecuménique et huma­nitaire) y a son local. Là-bas, la présidente Christiane Mathys est surnommée Mama Africa. Les 45 bénévoles de l’association s’y relaient pour accueillir avec un peu de chaleur un millier de réfugiés par semaine. Dans cette pièce exiguë (60 m2 ), deux Africains jouent aux dames, un autre lit le journal. Ils sont une dizaine à papoter devant un café. «Je suis convaincue que l’on n’a jamais réglé le moindre problème en dressant des murs et en isolant un groupe de personnes», s’insurge Christiane Mathys à l’évocation de la mo­tion Jaillet. Si elle passe la rampe, l’association devra bien sûr changer de local. «Quand je pense que, à l’époque, nous avions eu le soutien des autori­tés pour déménager ici…» A sa création, l’Aravoh avait son quartier général en ville.
La solution, toute simple, est évoquée par un réfugié: «Il nous faudrait un autre endroit où on pourrait se réunir, boire un verre et se distraire.» Reste à trouver le financement.

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