lundi 15 octobre 2007

Balkaniques, africaines, les nuits de Renens la jouent ethnique

Composé de plus de 50% d'étrangers, Renens connaît un véritable boum des soirées organisées pour les communautés qui la composent. Pour preuve: la fréquentation de la grande salle de la ville, régulièrement prise d'assaut. Enquête de Mehdi Atmani pour 24 Heures.


Samedi soir, la communauté balkanique
de Renens faisait la fête dans la grande salle,
qui accueille deux soirées ethniques par mois.
RENENS, LE 13 OCTOBRE 2007


La communauté balkanique de Renens était ravie. Samedi, la grande salle de la ville a reçu deux personnalités de la chanson bosniaque: Enes Begovic et Seki Bihorac. Vedettes aux multiples albums, les chanteurs sont régulièrement diffusés dans les radios et discothèques de l'ex-Yougoslavie. Mais sont totalement inconnus chez nous. A l'image de Faruk Spahic, organisateur de cette soirée balkanique, beaucoup des cent vingt communautés étrangères profitent des événements culturels pour produire leurs stars nationales sur sol helvétique.

Depuis qu'il s'est lancé dans l'événementiel, fin 2006, le Macédonien d'origine fait salle comble. Un succès dont il n'est pas le seul à bénéficier. En effet, on ne compte plus les concerts de musique portugaise, espagnole, kurde ou brésilienne. Sans parler des diverses rencontres culturelles. Depuis janvier 2006, ce ne sont pas moins de deux week-ends par mois qui sont dédiés aux soirées ethniques, dans la grande salle de Renens.

La Municipalité encourage

Du côté de la Municipalité, on encourage l'investissement de la population étrangère dans ce type d'événements, qui renforcent les liens sociaux. Bon nombre d'associations sont ainsi membres du Forum des associations de Renens (FAR), ce qui leur permet de louer la salle gratuitement, une fois par an. Même si la ville facilite la location de locaux, il n'est pas toujours aisé de produire une star nationale: «Pour chaque concert, je contacte personnellement les artistes en ex-Yougoslavie, explique Faruk Spahic. Si nécessaire, je dois ensuite faire une demande de visas auprès du consulat.» Un passage obligé, qui empêche, selon lui, la venue de certains chanteurs, notamment d'origine africaine.

Alors que le Service de la culture, de la jeunesse et du sport relève la bonne santé des associations étrangères et le mélange de diverses communautés, il souligne que la grande majorité des soirées sont le fait de sociétés locales et plus rarement de particuliers. Une tendance qui évolue puisque des établissements privés s'y mettent.

Patron du Maxi Kebab, Yilmaz Duran a ouvert, fin 2006, le Zig-Zag Café. Depuis huit mois, le jeune patron de 28 ans invite des DJ et des danseurs pour animer des soirées sud-américaines, kurdes, orientales ou hip-hop: «Les clients se retrouvent dans notre programmation, qui est différente de l'offre proposée en ville.»

Quant au Café-Restaurant Le Griot, à l'entrée de Renens, il est l'un des seuls établissements privés à agender de la musique live. Pas moins d'une dizaine de groupes africains, de jazz ou de soul, s'y succèdent chaque mois.

Le concept plaît. Sans doute aussi parce qu'il reste l'un des seuls intérêts nocturnes de Renens. Le Zig-Zag Café attire les jeunes, mais il peine à les garder après le dernier bus pour Lausanne: «Les clients consomment un ou deux verres, puis s'en vont en groupe à Lausanne», regrette Yilmaz Duran. Renens souffre-t-il de sa grande voisine? «Une discothèque en ville ferait du bien à tout le monde» et permettrait de freiner l'exode des jeunes. Une chose est sûre, la demande est là.

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