La Cité nationale de l’histoire de l’immigration ouvre sur fond de polémiques.
La Cité nationale de l’histoire de l’immigration
a ouvert ses portes la semaine passée. Jusqu’ici, le gouvernement
cultive un mutisme gêné à l’égard de l’institution.
Chirac, lui, s’est fait un plaisir de visiter les lieux.
«La France est le seul pays, avec les Etats-Unis, dont l’immigration a forgé l’identité nationale », affirme l’ancien ministre chiraquien Jacques Toubon, en guidant ses visiteurs à travers l’institution qu’il préside. Le décor est dépaysant. Mélange de hasard et de nécessité, la Cité s’est installée au Palais de la Porte Dorée, l’ancien Musée des Colonies!
Il faut donc un peu de jugeote pour faire la part des choses entre présent et passé. D’un côté le contenant: la façade, gigantesque bas-relief de 1930 figurant les richesses que les colonies ramènent à la «mère patrie», et le salon où le maréchal Lyautey pilota la fameuse Exposition coloniale de 1931. De l’autre, la toute fraîche exposition permanente retraçant le parcours des immigrés, leur installation, leur destin. La richesse de l’apport migratoire: c’est bien le message de la Cité, qui ne «colle» pas vraiment avec les projets de loi du gouvernement, visant précisément à réduire l’immigration, surtout familiale. Quand, au printemps dernier, Sarkozy prévoit la création d’un Ministère de «l’immigration et de l’identité nationale », huit historiens démissionnent du conseil scientifique de la Cité, pour protester contre cette association et son sens sousjacent: la politique migratoire doit se conduire en fonction d’une supposée «identité» française. Comme si celle-ci demeurait invariable.
Hier comme aujourd’hui
«Certains cherchent à opposer les immigrations d’hier, prétendument faciles à intégrer, et celles d’aujourd’hui. En fait, elles ont de nombreux points communs», estime l’historien Gérard Noiriel. En témoignent certains épisodes présentés par l’exposition. L’accueil des migrants s’est rarement fait sans heurts. En 1893, des travailleurs français attaquent des Italiens à Aigues-Mortes, on comptera des dizaines de morts. Le parcours est déjà jalonné d’obstacles. «Les immigrés ont toujours fait les frais des nouveautés identitaires, note Gérard Noiriel: hier la carte d’identité, puis les empreintes digitales, aujourd’hui les tests ADN.»
Un article signé Mathieu van Berchem pour 24 Heures
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