mercredi 5 septembre 2007

Ricardo Lumengo: «Je suis victime de racisme»

Le premier député noir bernois réagit aux attaques du Jürg Scherrer, président du Parti de la Liberté, qui a usurpé son nom sur le Web et refuse d'obéir à la justice.



Ricardo Lumengo (à g.) est lassé
par l'acharnement à son encontre
de Jürg Scherrer (à dr.) et du Parti de la Liberté.
«Lorsque nous nous croisons, nos regards se détournent»,
affirme le premier député noir bernois.


La guerre couve dans le Parlement bernois entre deux élus. D'un côté, Ricardo Lumengo, 45 ans, est devenu le premier député noir bernois en 2005. Ce socialiste naturalisé après son arrivée d'Angola en 1982 est conseiller juridique au centre d'intégration Multimondo.
De l'autre, Jürg Scherrer, 60 ans, qui préside le Parti suisse de Liberté. Directeur de la police municipale bernoise, il frise le code par ses déclarations sur les étrangers et s'est distingué en croquant un minaret en chocolat.
Les députés bernois Ricardo Lumengo et Jürg Scherrer siègent ensemble au Grand Conseil bernois, mais comme de coutume, ils ne s'adresseront pas la parole pendant la session entamée lundi: «Lorsque nous nous croisons, nos regards se détournent», rapporte Ricardo Lumengo. Le premier député noir bernois est lassé par l'acharnement du président du Parti de la Liberté.
Leur dernier conflit fait rage depuis un mois sur Internet: le parti de Jürg Scherrer s'est approprié le site www.lumengo.ch. La pratique est légale, mais cette adresse renvoie ses utilisateurs sur www.freiheits-partei.ch, où Ricardo Lumengo est traîné dans la boue. Ce renvoi a été interdit par un juge civil, mais le parti de Jürg Scherrer désobéit à la justice.
Le Parti de la Liberté considère le nom de Lumengo comme «un synonyme pour un Noir». Mais le juriste Ricardo Lumengo ne l'entend pas de cette oreille: «Cette insoumission m'oblige à porter plainte auprès d'un juge pénal.» Moins évidente, sa seconde démarche consiste à récupérer le site www.lumengo.ch, lui qui utilise provisoirement www.ricardolumengo.ch. «J'accepte les critiques, mais pas les insultes», résume le député socialiste.

Excuses au tribunal
Cet épisode n'est que la dernière bataille d'une guerre déclarée en 2004, après l'élection de Ricardo Lumengo au Parlement biennois. Ce juriste dénonce chaque dérapage de Jürg Scherrer, comme l'illustration d'un discours nationaliste par trois têtes au choco. Leur unique confrontation devant un tribunal s'est soldée par des excuses de Jürg Scherrer, jamais condamné pour des propos racistes.
«Je suis vraiment son ennemi», constate le député qui milite en faveur des étrangers, autant pour leur incorporation au sein de la police que pour leur droit de vote dans les communes. Il a suffi à Ricardo Lumengo de ne pas déclarer un banal accident de la circulation pour que Jürg Scherrer exige sa démission. «Je souffre de racisme», rapporte le député déjà agressé par des skins et souvent injurié dans des lettres anonymes. L'usurpation de son nom est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase: «Il faut en finir, la situation devient insupportable.»

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