mercredi 5 septembre 2007

ll ne faut pas réélire Blocher

Lire l'édito d'Alain Jeannet dans l'Hebdo
Faut-il réélire Christoph Blocher au Conseil fédéral au seul motif qu’il est, comme il le répète lui-même, plus dangereux dehors que dedans? Le silence serait-il préférable au débat, sous prétexte que parler de l’UDC, c’est forcément faire son jeu? Au nom de la stricte arithmétique, doit-on considérer l’issue du scrutin du 12 décembre comme une question d’ores et déjà réglée? Ce n’est pas notre opinion. Dans cette édition, nous tentons un bilan factuel et détaillé de la présence de Christoph Blocher au gouvernement, au moment où l’UDC fait de la réélection de son chef le fer de lance de sa campagne.

Relevons d’abord l’ironie de la situation: voilà un parti qui dénonce de manière obsessionnelle et délirante l’augmentation de l’insécurité, comme en témoignent les affiches placardées partout en Suisse et les vidéos diffusées sur son site, puis retirées. La faute à la gauche, aux Verts, aux étrangers... Mais qui est censé garantir l’ordre public? Qui est le ministre de la Justice et de la Police depuis quatre ans? Christoph Blocher! Dans sa propagande, l’UDC souligne bien involontairement les résultats lamentables de son champion.

Le nombre des requérants n’a pas diminué, il a augmenté de 10%. Et cela malgré le durcissement du droit d’asile qui devait, selon Blocher & Co., tout résoudre. Son département ne s’est pas révélé beaucoup plus efficace dans le renvoi des requérants dealers, qui abusent de l’asile et méritent d’être traités sévèrement. Normal: depuis qu’il est en poste, il n’a conclu aucun nouveau traité de réadmission avec les pays africains concernés en premier lieu.

La nouvelle loi sur la sécurité intérieure? Christoph Blocher laisse traîner. Même laxisme en matière policière. Pourtant, les experts sont unanimes: les polices cantonales sont sous-dotées et il manque une vraie force d’intervention au plan fédéral. Qu’a fait Blocher pour préparer la Suisse à la menace terroriste? Qu’a-t-il entrepris pour lutter contre la cybercriminalité? Rien. Ou presque rien. Il parle beaucoup, mais il néglige son boulot. Et, pour camoufler son incurie, il déclare avec fracas son intérêt pour le département de son collègue Pascal Couchepin. Il est plus facile de bluffer que de gouverner.

Le bilan de Christoph Blocher comme ministre de la Justice et de la Police est maigre. Mais sa capacité de nuisance est restée intacte, comme le démontre François Cherix dans nos colonnes et dans un livre coédité par L’Hebdo, qui sort cette semaine: Christoph Blocher, ou le mépris des lois (Editions Favre). L’auteur relève 33 infractions aux lois et usages gouvernementaux. De la part d’un homme qui deviendra, s’il est réélu, vice-président de la Confédération dans trois mois, puis président l’année suivante, c’est préoccupant. Que Christoph Blocher cherche à miner l’Etat et à révolutionner le système politique suisse, c’est son aspiration la plus légitime. Mais qu’il retourne alors dans l’opposition.

Voilà pourquoi, le 12 décembre, les parlementaires ne doivent pas le réélire. Et réparer l’erreur commise en 2003.

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