mercredi 20 septembre 2006

Libre expression, une valeur servant d’alibi

Claude Ansermoz signe l'éditorial de 24 Heures, dans lequel il revient sur les critiques de Doudou Diène à l'encontre de la Suisse.

Doudou Diène, le rapporteur de l’ONU sur la question, a répété hier ses critiques contre notre pays.

Doudou Diène n’est pas le pape. Et pourtant, le rapporteur de l’ONU contre le racisme n’est pas plus en odeur de sainteté que Benoît XVI. Critiquer la Suisse ne vaut pas mieux que critiquer l’Islam. Et, en la matière, chacun a ses intégristes.
Alors que des fanatiques attisent le feu sur des effigies de l’ancien cardinal Ratzinger, les députés UDC ont déposé hier à Flims une intervention pour défendre «nos valeurs fondamentales démocratiques et chrétiennes».
Notamment «la liberté d’expression».
Comme celle des occidentaux à caricaturer Mahomet. Mix & Remix doit en avaler son feutre! Dans un amalgame aussi hallucinant qu’incompréhensible, la faute de «ce péril» reviendrait, bien sûr, à des étrangers «qui refusent de s’intégrer».
Ces étrangers, selon Doudou Diène, ce sont aussi des victimes dans notre pays. Parfois en tout cas. On jugera sur pièce tout prochainement son rapport définitif. Mais avant, à cinq jours du vote sur l’asile, le diplomate a de nouveau dénoncé l’«instrumentalisation du racisme dans le débat politique». Il l’a dit à ce Conseil des droits de l’homme que la Suisse a tant voulu.
En janvier, lors de la première visite du rapporteur sur nos terres, l’UDC avait une autre interprétation de ce que l’on avait le droit d’écrire ou de dire.
«C’est quand même le comble que ces remarques viennent d’un Sénégalais.», avait osé leur porte-parole Roman Jäggi. Ce n’est pas pour rien que les agrariens militent depuis dix ans pour abroger la norme antiraciste du Code pénal. Au nom de quoi? De la libre expression
CLAUDE ANSERMOZ

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