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«Courant politique favorable à un enfermement identitaire», «criminalisation de l'étranger, de l'immigré et du demandeur d'asile»… Le rapporteur de l'ONU contre le racisme, Doudou Diène, a frappé un nouveau coup, hier, en critiquant la Suisse devant le Conseil des droits de l'homme. Les positions de l'ancien diplomate sénégalais sont déjà en partie connues. Mais cette intervention, relayée par l'ATS, a une forte valeur symbolique à quelques jours de la votation sur les lois sur l'asile et sur les étrangers, qui ont déjà entraîné les prises de position contradictoires d'éminents juristes.
«Violence policière»
Dans son exposé, le rapporteur a aussi relevé «le nombre élevé d'actes de violence policière à connotation raciste et xénophobe» et regretté «la faiblesse de la stratégie politique et juridique actuelle» contre le racisme. Le contexte de ces propos n'a évidemment pas échappé à Léonard Bender, coprésident du comité radical pour un double oui aux lois sur l'asile et les étrangers. Mais, précise le Valaisan, «j'ai assez confiance dans le scrutin de dimanche pour penser que cela n'aura aucune incidence».
Pour mémoire, Doudou Diène était venu cinq jours en Suisse en janvier dernier et avait été reçu par les autorités fédérales. Son rapport complet sera présenté en mars 2007. A mi-parcours, Léonard Bender vole toutefois au secours de nos dirigeants en soulignant que «ces choses (le racisme et la xénophobie, n.d.l.r.) sont prises au sérieux». La démocratie directe, précise encore le Valaisan, entraîne des débats réguliers, dans lesquels s'expriment l'ensemble des opinions.
La loi sur l'asile comme démonstration?
Dans le camp de ceux qui diront non au durcissement de l'asile, ce dimanche, le ton est tout différent. Certes, le combat de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) n'est pas ciblé contre le racisme, mais son porte-parole, Yann Golay, partage les soucis de Doudou Diène sur «l'évolution de la Suisse face aux défis de la migration». «Si la révision de la loi sur l'asile est acceptée ce dimanche, cela montre que les arguments sécuritaires ont pris le pas sur la tradition humanitaire de la Suisse», conclut-il.
Un oui dimanche s'inscrit-il dans une telle dérive? Léonard Bender, qui condamne le racisme comme «une maladie», réfute fermement cette critique: «Je défends ces deux lois (sur l'asile et sur les étrangers, n.d.l.r.) sans raser les murs. Je dénie à quiconque le droit de faire la leçon au peuple et aux partis bourgeois: nous estimons que ces textes permettront de réguler l'immigration et les personnes persécutées trouveront toujours l'asile en Suisse.»
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