lundi 25 septembre 2006

L'édito de 24heures


Lire l'édito de Thierry Meyer

L’espoir d’un apaisement

Près de sept votants sur dix qui approuvent la politique d’asile et d’immigration préconisée par la majorité du parlement et par le Conseil fédéral, le verdict est sans appel.

THIERRY MEYER
Publié le 25 septembre 2006

Il s'inscrit du reste dans une longue lignée de votes sur cette question délicate, où chaque fois que les projets, teintés d'esprit restrictif, étaient adoubés par les élus du peuple, celui-ci suivait, alors qu'il a repoussé chaque initiative allant dans le même sens.

Ce pragmatisme est un motif de croire, sur une question qui a connu de douloureux déchirements, à un espoir d'apaisement. Ce serait la vraie bonne nouvelle d'une campagne qui a reflété non seulement la polarisation affirmée de notre sérail politique, mais aussi le désarroi perceptible d'une population qui, à l'instar de l'Europe entière, peine à comprendre l'évolution déroutante des flux migratoires mondiaux.

Pourquoi croire en un apaisement? D'abord, la netteté du résultat rend impossible toute argutie sur la ligne à suivre, mais elle procure aussi une base claire à partir de laquelle construire une politique globale d'immigration et d'intégration. On sent très bien l'inclination tripale de la droite nationaliste à demander toujours plus. Mais elle a peut-être rempli sa besace – et son office: l'envie duale de punir davantage «les abus» et de mieux intégrer les migrants légaux, bref, de clarifier une politique des étrangers qui donne une priorité à «l'immigration choisie», est une tendance largement majoritaire dans toute l'Europe. L'habileté de l'UDC aura été de sentir cette tendance avant les autres formations politiques, de mieux l'exploiter. Au jourd'hui, après ce vote limpide, comment exiger un durcissement ultérieur sans verser dans la politique xéno phobe?

D u coup, la balle est à la fois dans le camp des «suiveurs» et dans celui des perdants. Au centre-droit, désormais, d'apporter la preuve qu'il n'a pas soutenu ces lois par simple électoralisme, mais parce qu'il est convaincu qu'elles sont un des instruments d'une politique qui comporte plus d'efforts sur le terrain, plus de solutions concrètes et coordonnées avec nos voisins européens et, lorsque c'est possible, avec les pays d'émigration.

Dans deux mois, le vote sur le milliard de cohésion à l'Union européenne est une occasion rêvée de confirmer l'ouverture des Suisses en la matière.

Et la gauche, et les milieux associatifs? La lourdeur de la défaite interdit, contrairement à ce que certains avançaient encore hier, de s'engager dans la voie du juridisme revanchard. Une surveillance de l'action de l'administration dans l'application des textes est nécessaire, mais elle ne doit pas être comprise comme un instrument à défaire la volonté populaire. Au contraire, pour le Parti socialiste en premier lieu, qui avait baissé pavillon avant même l'échec consommé, l'heure est aux propositions nouvelles. Comme le suggèrent déjà les voix modernistes de la gauche, il s'agit d'intégrer le résultat de ce 24 septembre et de s'attaquer aux nombreux problèmes que les textes adoptés ne résolvent pas. De la capacité du centre-droit comme de la gauche à tenir ces caps définis durant la campagne dépendra la place que prendra l'asile, en particulier, dans l'agenda politique de ces prochaines années.

C'est ici aussi un espoir: que ce débat usant à force d'être caricatural retrouve le rang qui lui sied. Par exemple pour faire place, au sommet des priorités, à une réflexion assainie sur les retraites et l'avenir de l'assurance invalidité. Là aussi, le non très ferme à la chimère COSA ouvre les espoirs d'un débat plus serein.

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