Dites-vous Rital
à vos enfants?
C’était à Zurich au début des années 60. Mon père, chauffeur de taxi modeste, traitait la petite colonie d’Italiens qui vivaient non loin de notre immeuble de dräckigi Tschingge, soit l’équivalent de sales Ritals. Ils faisaient trop de bruit, leur cuisine puait, ils étaient trop différents. Bref, ils dérangeaient sa certitude d’être chez lui.
Un jour, je devais avoir 9 ans, imprégnée du climat familial, je faisais une remarque abjecte au sujet du Tschingg croisé au magasin du coin, où il venait s’acheter ses litrons dans un suisse allemand approximatif, teinté autant de vin que d’italien.
«Ah non», me corrigeait mon père avec véhémence «ce n’est pas un Tschingg, c’est un Suisse». Devant ma perplexité, il m’expliquait que cet homme était Tessinois et que je devais faire attention à ce que je disais.
Souvent, je me rappelle ses paroles, elles m’ont fait réfléchir et elles me guident encore. Elles m’ont encouragé à voter contre Schwarzenbach et les initiatives des Vigilants et autres Démocrates suisses.
Aujourd’hui, face aux slogans UDC toujours aussi trompeurs et simplistes, repris par une droite soucieuse de ne pas perdre son électorat, je reste fidèle à la mise en garde paternelle. Je fais attention avant de reprendre bêtement ce que d’autres me dictent de dire et de penser.
Je ne sais pas comment mon père vivrait aujourd’hui le nom de famille qui a remplacé le sien à côté de mon prénom. Il est mort avant. Ses petitsenfants portent un nom italien, lui aussi aurait dû faire attention à ce qu’il disait. Et vous, que dites-vous à vos enfants
Doris Agazzi,
Saint-Cierges
Il y a deux types d’immigration
Hop! Tous les étrangers dans le même sac. Quelle injustice!.
Depuis 1945, des Italiens, des Espagnols, des Portugais, des Yougoslaves et d’autres Européens sont venus chez nous pour travailler. Si le statut de saisonnier était injuste, ceux qui l’acceptaient savaient à quoi s’en tenir. Tous ces travailleurs ont participé à la prospérité de ce pays. Ils méritent remerciements et respect.
Depuis des années, on ferme les yeux sur une immigration mal contrôlée qui assure une main-d’oeuvre bon marché à l’économie et fait perdre des milliards aux assurances sociales. Cette politique aveugle provoque une augmentation du néo-nazisme, de l’insécurité, de la délinquance, du trafic de drogue, de la prostitution, du sida. Celles et ceux qui soutiennent cette décadence sociale, morale, spirituelle affichent une tolérance qui frôle la lâcheté.
Voter oui le 24 septembre ne fera pas de tort aux travailleurs étrangers honnêtes qui sont souvent plus attachés à la bonne marche de ce pays que beaucoup de Suisses
Paul Goumaz,
Lausanne
La confidentialité n’est plus garantie
Ilyacertains aspects de la nouvelle Loi sur l’asile dont on ne parle guère et qui pourtant sont critiquables. Je pense au fait que l’autorité suisse pourrait transmettre au pays d’origine certaines informations relatives à un requérant d’asile.
La majorité des requérants provient de pays dans lesquels les forces de l’ordre sont très puissantes, menacent, agissent arbitrairement, emprisonnent, voire participent à des assassinats extrajudiciaires ou collaborent avec des milices privées extrêmement violentes.
Il faut en outre compter avec la corruption qui gangrène tout le pouvoir.
Au moment d’expliquer les motifs de sa fuite, le requérant doit donc surmonter ses craintes face à l’administration et faire soudain une totale confiance. (…) Mais comment espérer créer la confiance indispensable à la révélation de confidences lorsque l’enquêteur devra indiquer au requérant que certaines informations pourront être transmises aux autorités de son pays? Le requérant ne pourra pas parler librement ni donner des informations détaillées et vivantes qui rendraient ses déclarations crédibles et justifieraient l’octroi du statut de réfugié.
Seule une garantie absolue de confidentialité favorise la mise en confiance et permet au requérant d’exposer ses motifs d’asile. La loi ne lui assure plus cette confidentialité, quelles que soient les restrictions mises à la transmission d’informations
Gaston Magnenat,
Lausanne
Un employé modèle
Avant la votation du 24 septembre, j’aimerais attirer l’attention de ceux qui hésitent sur le sujet du renvoi des étrangers. Certains d’entre eux sont à la charge de l’Etat, c’est-à-dire de nous. D’autres travaillent, paient des impôts et entretiennent leurs proches restés au pays et qui, sans cet apport, ne pourraient pas s’en sortir.
Tel est le cas de notre employé municipal, Adem, qui dorlote littéralement notre village et ses habitants depuis de nombreuses années.
Toujours disponible pour tous, été comme hiver, jour et nuit, il pratique également le bénévolat et l’on ne compte plus les personnes âgées qui, sans son aide, n’auraient d’autre choix que d’opter pour l’EMS.
Adem est sérieux et n’épargne ni son temps ni sa peine. Cette situation est satisfaisante à plus d’un titre: pour lui-même et sa famille restée au Kosovo, qu’il peut ainsi entretenir, mais aussi pour les habitants de Bassins qui voient leur environnement villageois amélioré.
Quel dommage qu’Adem ne soit que champion de bon coeur et non de foot: il aurait déjà reçu son passeport rouge à croix blanche depuis longtemps! Aux indécis de cette votation si importante, n’oubliez pas que ce ne sont pas les textes de loi proposés qui pourront résoudre avec humanité un cas tel que celui que je vous ai présenté
Ruth Jeanmonod,
Bassins
Le tri et le contrôle sont nécessaires
Depuis toujours la Suisse a eu une grande tradition humanitaire envers les personnes persécutées à travers le monde. Cette politique, sur laquelle tous les partis sont d’accord, a été bénéfique tant pour l’image du pays que, plus prosaïquement, pour son économie.
Faut-il alors ouvrir les portes toutes grandes comme le prônent certains, la main sur le coeur ou, au contraire, se gendarmer et mettre en marche une panoplie de règlements discriminatoires?
Un petit exemple nous montre la voie à suivre.
La récente guerre du Liban a amené la destruction du pays et près d’un million de réfugiés. La Suisse s’attendait à un déferlement de gens à ses portes. Dès que la situation s’est calmée un peu, tous ces réfugiés se sont précipités, non pas en Suisse, mais dans leurs villages dévastés, pour les reconstruire. Et ceci sans aucune garantie que le malheur ne leur retombera pas de nouveau sur la tête.
Conclusion: il y a toutes sortes de réfugiés et il ne faut pas les mettre tous dans le même panier. Donc, il faut bien qu’un contrôle existe et même un tri, n’en déplaise à certains. Cela pour permettre à ceux pour lesquels nous devons avoir de la compassion de venir chez nous à l’exclusion des tricheurs, criminels et abuseurs de notre aide sociale. Etant invité, le réfugié garde sa dignité aux yeux de la population et c’est essentiel pour son acceptation. C’est le but que cherchent à atteindre, entre autres, les lois sur l’asile et les étrangers
Daly Chéhab
La Tour-de-Peilz
Des lois trompeuses
Tout a déjà été dit sur ces deux lois, étroitement liées l’une à l’autre. Il faut néanmoins répéter sans relâche qu’elles sont inefficaces et trompeuses (notamment en ce qui concerne la lutte contre la délinquance), qu’elles sont injustes, inhumaines et disproportionnées; qu’elles sont contraires à nos engagements internationaux (un comble en regard de notre tradition humanitaire!) et enfin qu’elles sont inutilement coûteuses. C’est pourquoi je recommande sans hésitation à chacun de voter deux fois non pour le bien de notre pays.
Philippe Biéler,
ancien conseiller d’Etat, Maracon
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