samedi 5 août 2006

Un passeport est un privilège

Sur le même sujet, une autre réponse aux réflexions de M. Barrelet

Il est surprenant qu’un journaliste aussi chevronné que Denis Barrelet invoque une Vérité, alors que la réalité est si complexe. Il est surprenant également que, dans un éditorial, il se contente de balancer les arguments du Département fédéral de justice et police sans esprit critique. Ce n’est pas vraiment digne du métier de journaliste.
Il y a des aspects de la réalité que M. Barrelet néglige. A commencer par le fait que, dans les pays émergents dont sont issus la plupart des requérants d’asile, l’octroi d’un passeport est une faveur réservée aux personnalités importantes du monde politique ou économique, ou résulte d’une procédure longue dans laquelle il faut établir les motifs de voyage à l’étranger. L’Office fédéral des migrations et la Commission de recours en matière d’asile savent bien, eux, que l’octroi d’un passeport est un privilège. Aussi lorsqu’un requérant en exhibe un, ils s’empresseront d’y voir une preuve qu’il n’est pas persécuté. A moins évidemment qu’il ne s’agisse d’un ministre d’un pays où vient d’être perpétré un coup d’Etat. Avec la nouvelle loi sur l’asile, l’équation sera dès lors simple:

pas de passeport = non entrée en matière
un passeport = refus d’asile

Si nous ne voulons pas d’une loi réservant l’asile aux seuls VIP et rejetant tous les militants de base, toutes les femmes menacées dans leur intégrité, alors il faut voter non.

Hélène Campiche Chapatte
Lausanne

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