mercredi 9 août 2006

FAMILLE HRUSTANOVIC, LAUSANNE

Muhamed Hrustanovic
ici avec sa femme et ses deux enfants, n’a pas encore décompressé.

Une quinzaine de jours après l’annonce de leur régularisa­tion, les Hrustanovic ne réali­sent pas encore. Muhamed surtout, le père, n’a pas réussi à décompresser. «Je suis encore très stressé.» Il lui faudra deux à trois mois pour se détendre un peu, pense-t-­il. S’il est bien sûr très heu­reux d’avoir reçu un permis B pour lui et sa famille, il remâ­che encore tout ce qui lui est arrivé depuis qu’il est parti de Tuzla, où il avait atterri après avoir été enrôlé, à 15 ans, dans les combats de Srebrenica, près de son vil­lage natal. «Huit ans à atten­dre, ce n’est pas normal. Huit ans sans savoir si on va pou­voir rester, à recevoir des attestations provisoires. Re­gardez mes cheveux gris, je n’en avais pas en arrivant!» A 30 ans, ce Bosniaque arbore une toison poivre et sel. Sa femme Mirsada, 26 ans, est surtout heureuse pour les enfants, Semso, 6 ans et demi, et Maida, deux ans et demi, tous deux nés en Suisse. «A Srebrenica, j’ai marché pendant douze jours sans chaussures, et presque pas de nourriture. Pour moi je m’en fiche, je peux mourir, mais pour eux il n’y a rien là-bas: pas de travail, pas de maison», poursuit le mari.
Avec cette régularisation, Muhamed va pouvoir se remettre à travailler. Il a oeuvré dans la peinture en bâtiment et la boucherie, avant de devoir quitter son emploi en 2004. Il prendra «n’importe quel boulot», mais il a besoin d’un peu de temps pour laisser retomber la tension nerveuse. La fa­mille espère aussi quitter son appartement trop exigu pour quatre. Et enfin essayer de vivre normalement.

CAROLINE
RIEDER

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