Le commentaire de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura est très sceptique sur le bien fondé de ce second référendum:
Le référendum lancé par les socialistes contre la loi sur l'asile ouvrait déjà à l'UDC une autoroute de première classe vers un succès en votation populaire. En combattant de surcroît la loi sur les étrangers, les Verts offrent à l'UDC une autoroute à six pistes vers un triomphe électoral. C'est que, comme le craignaient les socialistes, ce double référendum élargit considérablement le spectre de l'argumentation UDC. Aux slogans dénonçant les abus en matière d'asile, les agrariens ajouteront ainsi ceux s'en prenant à la «surpopulation étrangère». Du coup, on ne donne pas cher des voix idéalistes qui appellent à une sage intégration. Les Verts font mine de se donner des chances supplémentaires en ciblant leur tir contre les «lex Blocher», qualifiées de «populistes et xénophobes». Mais, Christoph Blocher l'a dit au Gurten, il se réjouit de ces référendums, sans doute avec de bonnes raisons (pour lui et son parti). Quant aux étrangers et aux requérants dont la gauche et les Verts prétendent soutenir la cause, ils ont tout lieu de voir l'avenir en noir. C'est qu'un plébiscite des «lex Blocher» constituerait une invite à en remettre une couche. Or, si l'on peut comprendre que la Suisse a été contrainte de jouer les tours de vis dans le cadre d'une politique où chaque Etat tente de dévier le flot de l'immigration vers ses voisins, force est d'admettre que l'on est aujourd'hui aux limites du tolérable eu égard aux droits de l'homme. En ce sens, ces référendums sont dangereux, car susceptibles de pousser au pire. Leurs auteurs ne doivent pas s'illusionner. Ils ont eux-mêmes considéré l'ouverture de la Suisse aux nouveaux membres de l'UE comme une menace, à défaut de coriaces mesures d'accompagnement. S'attendre dès lors que leurs troupes prennent fait et cause pour les ressortissants extra-européens, c'est rêver. Voyez en France, même la ceinture rouge de Lyon a massivement voté Le Pen lors des dernières présidentielles. Voyez à l'époque François Mitterrand lui-même, évoquer «un seuil de tolérance». Il est fort probable qu'en Suisse, nombre d'étiquetés roses-verts ne réagissent pas différemment. En y ajoutant tous ceux simplement prêts à suivre le Parlement et le Conseil fédéral, cela donne l'inverse de tout ce que les immigrants sont en droit d'espérer.
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