vendredi 23 décembre 2005
Deux référendums sont lancés pour contrer les deux «lois Blocher»
Lire l'article de François Nussbaum dans Le Courrier et La Liberté
Lire le commentaire de François Nussbaum:
La cohérence
plutôt que
la tactique
FRANÇOIS NUSSBAUM
Le comité référendaire réuni autour des verts n’a pas hésité à s’attaquer simultanément à la révision du droit d’asile et du droit des étrangers.Parce qu’elles
procèdent toutes deux de la même vision (le moins d’étrangers possible),qu’elles font appel aux mêmes instruments (dissuasion et contrainte),une vision et des instruments à la fois hypocrites et illusoires. Le Parti socialiste, lui, a pris la tête du référendum sur le droit d’asile,prêt à «sacrifier» celui sur les étrangers pour des raisons d’efficacité.En ciblant la campagne sur l’attaque contre les droits fondamentaux, on évitait un débat général sur l’immigration et tous les amalgames chers à la droite nationaliste. Avec de meilleures chances lors du scrutin, l’an prochain. Comme il ne fallait pas risquer une division des forces, la situation a dû se clarifier rapidement.Une semaine après le vote final des Chambres sur ces révisions (vendredi dernier),la campagne portera donc sur les deux objets,avec l’opposition de toute la gauche, des syndicats,des oeuvres d’entraide et de la plupart des groupements proches des Eglises. Aura-t-on, pour autant, un débat de
société sur la politique migratoire? Un débat qui porterait à la fois sur le respect
du droit humanitaire et sur les besoins de l’économie, voire sur la nécessité pour la Suisse – affirmée par l’OCDE – de s’ouvrir davantage à l’immigration pour ne pas voir sa population vieillir et diminuer,comme c’est déjà le cas?
On peut en douter.Et craindre que la campagne n’oppose que le populisme des partis nationalistes et une gauche taxée d’angélisme, puisque le centre droit n’aura d’autre choix que d’assumer son suivisme de l’UDC ou de tenter un discours modéré et rassurant,mais incohérent par rapport à son vote aux Chambres.Et l’économie ne s’en mêlera pas.On s’engagera donc, pour plusieurs années, dans une politique migratoire
qu’il sera difficile d’appliquer,qu’il faudra contourner ou changer, et qu’il faudra expliquer aux générations futures.Sombres perspectives.
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