Dans son éditorial Raymond Gremaud, revient sur l'effet boomerang des référendums des roses-verts.
Le Parlement a-t-il mal travaillé? Acceptée par 106 voix contre 66 au National et par 33 voix contre 8 au Conseil des Etats, la loi sur les étrangers est promise au référendum. Même chose pour la loi sur l'asile, acceptée en votation finale par 108 voix contre 69 au National et par 33 voix contre 12 au Conseil des Etats. En dépit de ces résultats sans ambiguïté, les Verts ont annoncé prendre en charge le référendum contre la loi sur les étrangers, et les socialistes celui contre la loi sur l'asile. On s'étonne car ces référendums reviennent à soutenir les requérants d'asile et les étrangers comme la corde soutient le pendu. Même les auteurs annoncés des référendums ne se font guère d'illusions. Le peuple soutiendra certainement la version de la nette majorité du Parlement fédéral. Roses et Verts ne visent qu'à mieux crier sur la place publique leur sentiment que la Suisse humanitaire fout le camp. Même un libéral comme Claude Ruey (VD) a le sentiment que les élus se sont laissé anesthésier par la caricature qui fait croire à l'envahissement barbare et à une criminalité générale. Et il rejoint le camp référendaire rose-vert pour mieux se distancer de cette politique des tours de vis qui finit par mordre les frontières des droits de l'homme. Louable réaction! Il est toujours bon de remettre l'humain au centre des préoccupations. N'empêche, en realpolitik, ces référendums ne font qu'offrir gratuitement une tribune et un plébiscite programmé à l'UDC. À juger les derniers scrutins concernant les étrangers, tout donne à croire que l'échec de ces référendums augmentera la crédibilité de l'UDC, laquelle pourra se prévaloir de la vox populi pour en remettre une couche. Elle s'annonce longue, la colonne des perdants. Les étrangers et les requérants verront leur sort se durcir encore. Socialistes et Verts encaisseront l'échec avec honneur, car au nom des droits de l'homme. Quant aux radicaux et au PDC, ils n'auront joué que le rôle peu glorieux de suiveur. Pour eux, guère de dividendes politiques ! Sans compter que tout cela camoufle une faille de la politique de Christoph Blocher. Ce dernier n'a pas développé la politique des accords de réadmission entamée par Ruth Metzler. Elle offre pourtant la seule chance de débloquer les dossiers des 30 à 40 % de requérants au bénéfice d'une admission provisoire car impossibles à renvoyer, vu le blocage des pays d'origine.
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