mardi 6 septembre 2005

Communiqué de Carrefour-NEM

Le Carrefour-NEM réagit au constat d'autosatisfaction de Christof Blocher sur la politique appliquée depuis le 1er avril 2004, voici le texte du commmuniqué dans son intégralité.

La presse a fait savoir le 24 août dernier la satisfaction du chef du Département fédéral de Justice et Police, quant aux résultats de l’exclusion d’assistance des personnes ayant reçu une décision de Non-Entrée en Matière (NEM) sur leur demande d'asile. Selon le chef du DFJP :
- la plupart des personnes en question auraient quitté la Suisse ;
- l’augmentation redoutée de la criminalité ne s’est pas produite ;
- et enfin, l’exclusion d’assistance n’aurait condamné personne à la rue ; aucune des personnes ayant affirmé le contraire n’aurait été en mesure d’étayer ses accusations.

Nous sommes consternés qu’une autorité fédérale puisse tenir des propos aussi éloignés de la réalité des faits.

1) De nombreuses personnes frappées de « NEM » n’ont pas pu ou pas voulu quitter la Suisse, soit du fait des dangers qu’elles estiment courir dans leur pays d’origine, soit du fait de l’inextricable situation administrative où elles sont plongées, sans autorisation de séjour en Suisse mais sans possibilité de quitter ce pays. En attendant, elles sont présentes, menant une existence précaire, sans projet, dangereuse pour leur santé physique et psychique. Certaines reçoivent une aide d’urgence cantonale ; d’autres n’ont aucun toit. Beaucoup sont menacées d’arrestation, alors qu’elles n’ont commis aucun délit et n’ont pas choisi l’illégalité ; elles peuvent être mises en prison pour le simple motif d’avoir été déclarées illégales par les nouvelles mesures.

2) La Confédération prévoyait que la criminalité augmenterait. Il est probable qu’elle se soit en fait laissé aveugler par le préjugé amalgamant requérant d’asile et criminel. Les personnes mises hors assistance n’ont pas augmenté les statistiques de la criminalité ; mais leur existence s’est précarisée à un point inquiétant pour leur santé et pour leur équilibre. Les mesures entraînent en fait de nouveaux frais en médecine et en psychiatrie.

3) La sortie des statistiques conduit à une situation non gérée par les autorités, qui se mettent dans l’incapacité d’estimer concrètement quelle population est présente sur sol suisse. Par exemple : le récent arrêt du Tribunal Administratif (15.06.2005) oblige le canton de Vaud à réintégrer les personnes frappées de « NEM » dans l’assistance prévue pour les requérants d’asile, vu qu’aucune base légale cantonale n’existe actuellement pour les en exclure. Suite à cet arrêt, le nombre de personnes « NEM » qui se sont annoncées aux autorités cantonales a doublé. Ainsi, des personnes poussées à la clandestinité réapparaissent, alors que les autorités les croyaient parties.

Il ne suffit pas de sortir des personnes des statistiques pour les faire disparaître. Mais il suffit de les exclure de l’assistance tout en leur interdisant tout moyen légal de subvenir à leurs besoins, pour les mettre dans une situation insensée et indigne tant pour la société que pour les individus.

Le Carrefour d'Associations NEM regroupe plus de vingt associations dans le Canton de Vaud, dont plusieurs accompagnent les personnes frappées de « NEM » dans leurs démarches. Depuis des mois, il observe l’évolution de la situation, de concert avec d’autres associations aux plans cantonaux ou suisse, et alerte les autorités tant cantonales que fédérales sur les conséquences concrètes des mesures d’allègement.

Il s’élève en particulier contre toute extension des mesures dites d’allègement à d’autres groupes de requérants d’asile au plan fédéral, et contre toute tentative d’inscrire dans une loi cantonale des discriminations dans l’aide sociale, utilisée comme moyen de pression sur des personnes.

Pour tous renseignements :
Jean-Pierre Barbey, 079 661 43 84
Bernard Borel, 079 500 22 64

Hélène Küng, 079 321 28 69
Adresse de contact :
Mme Hélène Küng
av. des Alpes 24
1006 Lausanne
kung.jacqhel@urbanet.ch

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