Interdits de trottoirs depuis novembre, les miséreux qui tendaient la main à Vevey et à Montreux ne sont plus là.
Ils étaient une vingtaine, assis sur les trottoirs de Vevey, de La Tour-de-Peilz et de Montreux. On les trouvait aux abords des gares CFF ou devant les centres commerciaux. L’un d’eux, unijambiste, gardait même les chiens des clients d’un magasin veveysan. Mi-novembre, les mendiants ont été priés d’aller tendre la main ailleurs par la police. Aujourd’hui, ils ont tous déserté la Riviera, première région du canton à interdire la mendicité sur son territoire.
Une interdiction qui figure noir sur blanc dans le tout nouveau règlement de police intercommunal, entré en vigueur depuis peu. Le thème, sensible, avait fait débat sur la Riviera, avant que le Conseil intercommunal de Sécurité Riviera – constitué d’élus du district – et le canton donnent leur feu vert au document.
«C’est vrai, la présence des mendiants préoccupait certains citoyens, qui nous faisaient part de leur gêne face à ce phénomène. Mais ces miséreux ne constituaient pas un problème de sécurité pour la population, ils n’étaient pas agressifs. Ils arrivaient ensemble le matin et repartaient ensemble le soir. Pendant la journée, l’un d’eux faisait la tournée et vidait les chapeaux. Nous n’avons pas observé, de façon concrète, de comportement de type mafieux», explique le commandant de police, Michel Francey.
Il y a deux mois, les agents avaient distribué de façon systématique un feuillet à tous les mendiants de la région. Le document faisait état de l’interdiction, en six langues: français, allemand, anglais, italien, roumain et slovaque. «Nous avons dû ajouter en vitesse la traduction dans cette dernière langue après nous être rendu compte que plusieurs mendiants étaient originaires de Slovaquie», détaille le capitaine de Police Riviera, Ruben Melikian. De l’autre côté du feuillet, une carte du périmètre interdit et un logo explicite: on y voit un homme à genoux, main tendue, au centre d’un panneau d’interdiction.
Récidivistes amendés
Après avoir pris connaissance du document, les mendiants ont été priés de cesser leur activité, ce qu’ils ont fait sans rechigner. Une poignée d’entre eux, pourtant, sont revenus dans les jours qui ont suivi. «Sur les 28 personnes averties, quatre d’entre elles ont été dénoncées et amendées», calcule le capitaine Melikian. Le montant de l’amende, 100 francs au maximum, était proportionnel au contenu de la coupelle et des poches du contrevenant. «L’un d’entre eux avait, sur lui, plusieurs centaines de francs», note le policier.
Echaudés, les récidivistes n’ont pas réapparu, et depuis plusieurs semaines, seuls les musiciens de rue et les pantomimes posent leur chapeau sur le bitume de la Riviera. «Le départ des mendiants s’est déroulé en douceur, même si quelques citoyens offusqués nous ont écrit. Par ailleurs nous avons eu quelques échanges avec des collègues à Lausanne et à Yverdon, qui souhaitaient savoir comment se déroulait la mise en application du règlement.» Quelques miséreux de la Riviera ont d’ailleurs posé leur coupelle dans la capitale vaudoise.
Raphaël Delessert dans 24 Heures
Débat ce soir à Lausanne
Le Conseil communal de Lausanne se penche ce soir sur la mendicité. Des partis de tous bords ont déposé des textes sur la question ces derniers mois. L’UDC demande son interdiction alors que les Verts estiment que le sujet «mérite un traitement moins réducteur» et proposent de se concerter avec d’autres instances compétentes (canton, police, etc.). Les socialistes s’inquiètent surtout du sort des mineurs roms «placés dans des conditions d’extrême précarité». Ils veulent améliorer la situation des Roms dans leurs villages d’origine, en partenariat avec la Direction du développement et de la coopération (DDC), et envisagent l’envoi d’une délégation municipale sur place.
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