vendredi 3 juin 2011

Fuyant la Libye, des Africains pris au piège des flots et du feu

270 Africains fuyant la Libye ont disparu hier en Méditerranée. Et dans les camps, en Tunisie, le climat est explosif.

9Nouveau drame hier en Méditerranée. Quelque 270 migrants partis de Libye ont disparu au large des côtes tunisiennes, alors que près de 600 autres ont pu être secourus. Un naufrage qui devrait aggraver le bilan des 1200 personnes fuyant la Libye ayant déjà péri en tentant la périlleuse traversée vers l’Europe, selon les chiffres donnés mardi par les Nations Unies.

Au total, le conflit armé libyen a déjà poussé près de 900 000 personnes à fuir le pays depuis le début des hostilités, toujours selon la même source. Phénomène inquiétant, relevait encore l’ONU, nombre d’Africains ayant rejoint la Tunisie ou l’Egypte tentent maintenant de revenir en Libye pour monter sur des embarcations de fortune à destination de l’Europe.

A terre, des milliers d’Africains ayant trouvé refuge en Tunisie, juste de l’autre côté de la frontière libyenne, se retrouvent dans une situation précaire, dans l’impossibilité d’être rapatriés. Sous les tentes, tensions et conflits rythment leur quotidien. Le HCR a ainsi sonné l’alarme ces derniers jours et a lancé «un appel d’urgence aux donateurs et aux pays de réinstallation pour intensifier l’assistance au bénéfice de milliers de réfugiés» pris au piège dans des affrontements survenus dans le camp de Choucha, en Tunisie.

Selon l’organisation Médecins sans frontières (MSF), des centaines de milliers de réfugiés ont transité par ce camp proche de la frontière libyenne, mais la situation est particulièrement difficile pour quelque 4000 personnes, en majorité originaires de pays d’Afrique subsaharienne, qui ne peuvent être rapatriées dans leurs pays en raison des troubles qui y règnent. «Nombre d’entre eux sont originaires de Somalie, d’Erythrée ou du Soudan, explique Aurélie Lachant, porte-parole de MSF Suisse. Beaucoup ont déjà souffert de traumatismes avant leur arrivée en Libye et pendant leur fuite de ce pays. Ils ne peuvent cependant rentrer chez eux et sont bloqués pour une durée indéterminée dans ce camp, dans des conditions de vie difficiles.»

Les tensions sont en outre exacerbées entre les groupes de différentes nationalités. Il y a une dizaine de jours, quatre réfugiés sont décédés dans un incendie d’origine encore inconnue. Des affrontements ont éclaté suite au sinistre et près de deux tiers du camp ont été détruits. Le lendemain, les réfugiés ont organisé une manifestation et ont coupé une route. Des événements qui ont provoqué la colère des populations locales ainsi que de nouveaux affrontements qui ont fait au moins deux morts. «Le calme est un peu revenu depuis, affirme Aurélie Lachant. Mais la situation n’en reste pas moins difficile.»

Et Choucha n’est pas le seul endroit où les tensions sont vives. Pour relâcher la pression au sud-est de la Tunisie, le Qatar a financé un nouveau camp de réfugiés dans le stade de la ville de Tataouine, qui a été équipé pour l’occasion d’un hôpital de campagne. Selon les responsables de l’infrastructure, une centaine de familles y sont déjà accueillies .

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