Le Centre patronal prône le double non sur le renvoi des criminels étrangers. Son directeur, Christophe Reymond, s’en explique.
A quelques jours du scrutin sur les moutons noirs de l’UDC, le conservateur Centre patronal joue ses propres cartes et se démarque du reste de la droite. Il s’oppose à l’initiative et son contre-projet, qu’il juge contraire au fédéralisme en instaurant une politique d’intégration en mains de Berne. Un double non dans le sillage de la gauche. Mais les arguments divergent, avec une différence de taille: à la question subsidiaire l’organisation patronale préfère le texte de l’UDC.
A vos yeux, l’article sur l’intégration du contre-projet constitue une atteinte au fédéralisme. Cela suffit-il à prôner son rejet, au risque de favoriser une proposition UDC dont vous ne voulez pas?
Les arguments institutionnels sont toujours forts et quand on foule aux pieds la répartition des tâches entre cantons et Confédération, nous n’avons pas d’états d’âme. De surcroît, ce projet sur l’intégration est en soi très mauvais.
Les défenseurs du contre-projet vantent le caractère mesuré de leur texte. Que lui reprochez-vous?
Ce n’est pas tant le volet sur le renvoi des délinquants étrangers qui s’avère problématique, d’autant qu’il correspond grosso modo à la pratique vaudoise actuelle. Mais si l’on prend le temps de se pencher sur l’article consacré à l’intégration, on est atterré par son côté prêchi-prêcha, ou inquiet de ses aspects quasi orwelliens. Comment demander à chacun, étranger ou Suisse, de vivre «en accord avec la société»? Puisqu’on demande de respecter les «valeurs fondamentales de la Constitution», va-t-on rééduquer ceux qui entonnent l’Internationale parce qu’ils en appellent à un régime qui contrevient à la liberté économique? Il faut s’opposer à cette police de la pensée. D’autant que le texte envisage une mise en œuvre de cette politique, avec des principes fixés par la Confédération et une mise au pas des cantons récalcitrants.
Pour vous, la loi actuelle sur le renvoi des délinquants étrangers n’a pas besoin d’être changée?
Non. En tout cas, dans le canton de Vaud, on pratique une politique de fermeté, tout en renonçant à des renvois pour des motifs humanitaires et familiaux. Cela me conforte dans l’idée qu’on peut dire deux fois non.
Mais pourquoi privilégier l’initiative UDC à la question subsidiaire?
Il faut choisir entre la peste et le choléra. L’avantage de l’initiative, si l’on peut dire, c’est qu’elle est contraire à de nombreux textes internationaux. Sa mise en œuvre devra forcément en tenir compte et aboutira probablement à une solution assez proche du contre-projet. Avec cependant cet avantage de ne pas prévoir en sus un programme fédéral de normalisation des personnes et d’alignement des cantons. Laure Pingoud
Laure Pingoud dans 24 Heures
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