Le mois dernier, Athènes demandait l'aide de ses partenaires européens pour faire face à l'afflux de clandestins. En 2010, plus des trois quart des personnes arrêtées dans l'Union pour entrée illégale sont passées par la Grèce. La réponse de Bruxelles n'a pas tardé : FRONTEX, l'Agence européenne de surveillance des frontières extérieures.
Quand la nuit tombe sur Orestiada, sur les bords du fleuve Evros, dans le nord de la Grèce, les patrouilles s’éveillent. Dès 20 heures, des policiers venus de toutes l’Europe s’arment de caméras et de jumelles thermiques, embarquent dans des jeep et hélicoptères spécialisés, et commencent la traque. Leur proie : des immigrés clandestins venant par la frontière turque. 10 minutes de marche d’un pays à l’autre et des centaines de migrants la traversent chaque jour. La Grèce en a interpellé plus de 33 000 depuis le début de l’année et est dépassée. Elle a fait appelle en urgence à Frontex, la police en frontière pour déclencher l’opération RABIT (unité d’intervention rapide) au plus vite. Résultat, 175 policiers de 26 pays européens se concentrent pendant deux mois sur la région pour créer un mur européen.
Après dix jours d’action, les chiffres "ont considérablement baissés", affirme un agent français de FRONTEX, "à mon arrivée, ils étaient 300 à venir par jour, maintenant, ils sont un peu moins d’une centaine", explique-t-il. Ses collègues ne sont pas aussi habitués à voir tant de monde via l’écran noir et blanc reproduisant les prises de vues des caméras thermiques. "Pour moi c’est indescriptible, c’est dur ", se confie un agent hongrois "d’un côté je dois faire mon travail, de l’autre, j’ai de la peine en voyant toutes ces personnes venues d’Afghanistan ou d’ailleurs".
Dans le village voisin de Vissa, le ton est tout aussi lourd. La Grèce accueille 90% de l’immigration clandestine européenne et ses habitants n’en sont pas fiers, à l’image de Dimitri. Il profite de notre présence et de la caméra pour exprimer sa colère. "Je ne suis pas raciste, je leur donne à manger quand je les croise, mais ils sont trop nombreux. Les gens doivent comprendre qu’il ne s’agit pas d’une frontière grecque ici, mais d’une frontière européenne, alors qu’ils prennent des mesures en fonction !", s’alarme t-il.
Ces immigrés clandestins passent par la Grèce, et non par la Bulgarie voisine, pour profiter de l’espace Schengen. Ils espèrent profiter ainsi de la libre circulation des personnes pour arriver dans le nord de l’Europe et se construire un meilleur avenir.
Au petit matin, les immigrés clandestins qui ont réussit à passé à travers les filets de la police pullulent. La plupart sont épuisés, affamés et ont soif. Ils demandent d’être arrêté par la police pour être placé dans un centre d’accueil et recevoir les soins nécessaires.
Direction Fylakio, l’unique centre d’accueil de la région. Impossible de filmer les cellules, mais les témoignages et images extérieurs sont caractéristiques. 500 personnes y sont parquées pour 300 places de disponibles dans des conditions sanitaires parfois hors normes. Hommes, femmes, enfants, bébés, exilés d’Afghanistan, du Maghreb ou de Somalie, sont entassés dans ce centre aux allures de camp, entouré de barbelés et surveillé par de nombreux policiers.
L’espace Schengen impose aux autorités grecques de les relâcher au minimum après deux jours de détention. Des centaines de migrants repartent donc avec pour seul bagage un certificat de nationalité leur donnant un mois pour quitter le territoire. Ils feront donc tout pour rejoindre Athènes. Le bus, coute 60 euros, le train, 37 pour douze heures de route. Ceux qui n’ont pas assez d’argent marcheront...
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