Le ministre grec de la Protection du citoyen, Christos Papoutsis, décrit les difficultés de son pays à accueillir les flux de clandestins.
Chaque jour, ce sont des dizaines d’Africains de l’Ouest, de Maghrébins, d’Afghans, de Somaliens et d’Arabes qui franchissent la frontière grecque par le nord-est, en provenance de Turquie. Depuis le 2 novembre, pour donner suite à l’appel à l’aide d’Athènes, l’Agence européenne de surveillance des frontières (Frontex) déploie pour la première fois une force d’intervention rapide. Ministre de la Protection du citoyen, Christos Papoutsis explique la vision du gouvernement.
Le Temps: 175 gardes-frontière de 26 Etats de l’UE sont arrivés en Grèce le 2 novembre. Ils vont rester deux semaines. Comment voyez-vous la gestion du problème
des clandestins à plus long terme?
Christos Papoutsis: Le déploiement de ces équipes d’urgence par l’Agence européenne de surveillance des frontières amène pour ainsi dire l’Europe à ses propres frontières. Ce faisant, un objectif politique a été atteint. Nous envoyons ainsi un message clair à la communauté internationale, aux pays dont proviennent les flux d’immigrants ainsi qu’à la Turquie. De cette dernière, nous attendons d’ailleurs davantage de coopération pour réduire ces flux d’immigrants et combattre les réseaux internationaux de trafiquants qui misent sur l’espoir que nourrissent les immigrants d’une vie meilleure.
– Quels sont les chiffres précis de l’immigration illégale en Grèce?
– Selon les données officielles fournies par la police, 96 398 immigrants clandestins ont été détenus au cours des neuf derniers mois. Selon les statistiques de Frontex, 90% des immigrants clandestins franchissant cette année les frontières extérieures de l’UE ont été arrêtés aux frontières grecques. La Grèce ne peut affronter seule ce phénomène qui n’est pas local, mais européen.
– Pour vous, la Convention de Dublin sur l’asile est-elle inadaptée?
– Dans sa présente forme, le régime de Dublin fait porter le fardeau de l’asile de façon excessive et disproportionnée aux Etats qui sont sur le front de l’immigration clandestine aux frontières extérieures de l’UE. La Grèce est clairement sur ce front. La Grèce insiste dès lors pour que la Convention de Dublin soit révisée. Elle cherche des solutions légales obligatoires.
– Quelles sont les principales critiques que la Grèce adresse à Bruxelles?
– Il n’y aura jamais de système d’asile européen commun et global si tous les Etats membres n’assument pas les obligations économiques et administratives qui en découlent dans les domaines relevant de leurs compétences. Le système d’asile européen commun doit être achevé en combinant des mesures qui promeuvent le principe de répartition juste des responsabilités, un principe qui est garanti dans le Traité de l’UE.
– Un rapport de l’ONU qualifie «d’inhumaines» les conditions de détention de clandestins en Grèce.
– L’arrestation de 200 à 300 clandestins chaque jour montre que nous sommes en crise. Le gouvernement grec fait de son mieux pour remplir ses obligations internationales et européennes. Nous avons pour priorité de réformer notre système national d’asile de sorte que nous puissions répondre de manière plus efficace aux besoins en matière d’asile. Cela dit, le pays met en œuvre un plan d’austérité budgétaire qui laisse peu de marge de manœuvre pour financer de nouvelles infrastructures d’accueil.
Propos recueillis par Stéphane Bussard dans le Temps
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