Lors d’une deuxième conférence de presse, l’UDC a mis en avant le sentiment d’insécurité et le laxisme des autorités pour justifier son initiative. Non, elle ne contrevient pas au droit international, a assuré l’ancien secrétaire général du parti, Gregor Rutz.
Et de deux! Après avoir dénoncé la «perfidie» du contre-projet à coups d’affiches faisant apparaître «Ivan S. Violeur et bientôt Suisse?», l’UDC a donné une deuxième conférence de presse pour, cette fois, défendre son initiative. Et ressusciter son mouton noir, qui a déjà inspiré des mouvements d’extrême droite européens.
«On tabasse et on assassine. On vole et on viole. On fait du trafic de femmes et de drogues. On escroque des particuliers, des entreprises et des institutions sociales. Et dans tous ces délits, les étrangers sont impliqués de manière disproportionnée par rapport à la population suisse.» Voilà comment le conseiller national bernois Adrian Amstutz, vice-président de l’UDC, entre en matière. Il tape en passant sur le contre-projet du parlement qui, à ses yeux, ne changera rien à la pratique actuelle. Parce que, en exigeant la prise en compte du droit international et de certains accords, «les tribunaux et les autorités empêcheront à leur guise les expulsions», assure-t-il. L’ancien secrétaire général Gregor Rutz a, lui, tenté de démontrer que l’initiative ne posait aucun problème juridique.
L’UDC a brandi toute une série de chiffres. Selon le parti, presque la moitié des infractions en Suisse sont le fait d’étrangers. Il avance que la part des condamnations pénales prononcées contre les étrangers a «augmenté de 65% au cours des 25 dernières années»; que les étrangers «représentent 59% des personnes condamnées pour homicides volontaires, taux qui serait de 62% pour les viols». Des chiffres à prendre avec des pincettes. Dans son récent tous-ménages, l’UDC s’est adonnée à de curieux calculs: elle va jusqu’à évaluer le taux actuel des étrangers en Suisse à 34,3% «si on ne tient pas compte des naturalisations de ces 25 dernières années»…
La conseillère nationale Yvette Estermann, d’origine slovaque, a insisté sur la nécessité de renvoyer les mauvais éléments pour «aider» les étrangers bien intégrés. Enfin, Céline Amaudruz, nouvelle présidente de l’UDC Genève, a dépeint une image apocalyptique de son canton, «avec le plus fort taux de criminalité de Suisse, à cause de Schengen». «Dealers africains, cambrioleurs géorgiens, mendiants roms, toxicomanes lyonnais et autres escrocs balkaniques empoisonnent le quotidien des Genevois», a-t-elle martelé, en dénonçant «l’effrayant laxisme de la politique genevoise». Pour elle, seule l’initiative peut «sauver Genève». Le budget de campagne de l’UDC? Adrian Amstutz se tait. A en juger les coûts des tous-ménages, il devrait être de plusieurs millions. De quoi inquiéter les opposants.
Valérie de Graffenried dans le Temps
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire