Il aura fallu 5 ans à la famille Sabirov arrivée de Tchétchénie en 2005 pour obtenir un statut de réfugié. Pendant toutes ces années, elle a été soutenue, hébergée et accompagnée par le centre d'accueil pour demandeurs d'asile.
La famille Sabirov a obtenu ses papiers il y a quelques jours, après plusieurs années de démarches et de nombreuses péripéties / Photo Karine Jourdant
Lorsqu'ils quittent la Tchétchénie au cours de l'hiver 2005, Kissa et Movladi Sabirov fuient un pays à feu et à sang. Leur histoire s'avère douloureuse et ils n'ont pas envie d'y revenir. Poussés par la guerre et ses horreurs, ils veulent croire en un Eldorado.
C'est la France qu'ils choisissent pour y chercher refuge. Ils le savent et la Déclaration universelle des droits de l'homme le prévoit : « devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays ». Et puis, « ici c'est le pays qui aide le plus. En France, on savait ce qu'il se passait en Tchétchénie » explique Kissa.
Pour autant, il aura fallu cinq longues années à cette famille pour obtenir enfin un statut de réfugié qui lui permette désormais d'envisager un nouveau départ. Ce fut un parcours du combattant pour les parents. Une vraie épreuve aussi pour leurs enfants dont les plus grands ont connu avec eux le centre de rétention et le spectre de l'expulsion.
L'aîné, Anzor, avait 10 ans lorsqu'il a été contraint de quitter précipitamment ses copains, son école, ses repères. Cela a été douloureux. Il reconnaît qu'il a vécu cet épisode comme un déchirement. Mais aujourd'hui l'adolescent échafaude de beaux et ambitieux projets. Il vaut devenir plombier. Sa nouvelle vie est ici. Avec ses nouveaux amis, ses parents et ses frères et sœurs, Mansour 14 ans, Madina 12 ans, Hamzat 4 ans et Makka 3 ans.
À l'instar de tous les demandeurs d'asile qui s'installent dans le Jura, la famille Sabirov a été accueillie par le foyer Saint-Jean qui dispose de 100 places à Dole et de 20 à Morez. Dans ces structures appelées CADA (centres d'accueil pour demandeurs d'asile) dépendantes du dispositif national d'accueil, tout est prévu pour permettre la meilleure intégration possible. « Notre rôle consiste à épauler les demandeurs dans leurs démarches administratives, à les accompagner dans la vie quotidienne, à veiller à leur bonne santé et à la scolarisation des enfants » explique Philippe Bwanga-Bamba, directeur du foyer Saint-Jean. Et lorsque l'intégration des familles est une réussite, c'est un succès partagé et un grand bonheur pour tous. Kissa qui a appris le français auprès de l'association Femmes debout aimerait trouver un emploi dans le commerce. Son époux envisage de se lancer dans une formation.
Pour le couple et ses cinq enfants, une nouvelle vie commence.
Un article signé Karine Jourdant dans le Progrès
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